Accéder au contenu principal
Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Ozhora Miyagi

Le son de vie

Nicolas Alsteen

Depuis son studio liégeois, Ozhora Miyagi peaufine ses techniques de combat. Entre maîtrise de soi et sagesse d’esprit, le producteur imagine les meilleurs sons de la planète rap. Asap Ferg, Booba, Tory Lanez ou SCH se sont déjà frottés à la maîtrise du sensei.

Entre une production envoyée aux États-Unis et une autre façonnée pour les besoins d’un artiste canadien, Ozhora Miyagi prend le temps d’aménager son nouveau dojo : un label baptisé Bakuzen Sound. Salle d’entraînement du rappeur Maka, l’enseigne témoigne surtout des méthodes polyvalentes du maître des lieux. « En japonais, Bakuzen veut dire “vague, indistinct”. C’est une référence à mes sons : les gens disent souvent qu’ils sont difficilement identifiables », raconte Elton Mpembele. Celui qui se cache sous le kimono d’Ozhora Miyagi doit son prénom à Elton John. Né à Liège en 1994, il découvre la musique via son oncle, un disquaire qui ne se déplace jamais sans sa précieuse mallette à CD. « Dedans, il avait des albums de Bobby Brown, Madonna, 2Pac, Nirvana, Jay-Z, Queen ou Michael Jackson. » Séduit par tant de diversité, le garçon s’essaie au chant, puis au rap.

 

Ozhora Miyagi
Si les médias ne parlent pas de moi, c’est un peu ma faute.
Je suis plutôt réservé, je ne cours pas après la célébrité.

 

De fil en aiguille, l’apprenti rappeur se rêve beatmaker. D’abord en trio avec The Hitbangerz, puis en solo sous l’étendard d’Ozhora Miyagi, il fabrique des sons avec la ferme intention de les refourguer à ses héros. « Dès que j’allais voir un concert, j’embarquais des clés USB sur lesquelles j’enregistrais mes productions. Puis, je me tapais au premier rang et je les balançais sur scène en espérant qu’une personne du crew les ramasse. J’ai dû claquer 400 euros en clés USB pour un seul résultat concret : Asap Ferg. » Présent au casting du premier album de l’Américain, Ozhora Miyagi se voit récompensé de son labeur. « Avec le cachet, je me suis offert des enceintes et une super carte son. À l’époque, j’avais 17 ans et je tirais mon argent de poche de jobs étudiants : maçonnerie, nettoyage, service en terrasse ou cueillette dans les vergers. » Bien décidé à faire du son à plein temps, le Liégeois attire l’attention d’autres pointures US et parvient même à séduire le Duc de Boulogne, Booba en personne. « En France, je n’ai plus d’autres objectifs. Désormais, je rêve d’empocher un Grammy Award. Si j’y parviens, j’arrête tout et j’ouvre un restaurant. » En Belgique, Ozhora Miyagi s’active dans l’anonymat pour Caballero & JeanJass, Loïc Nottet ou Moji x Sboy. « Si les médias ne parlent pas de moi, c’est un peu ma faute. Je suis plutôt réservé, je ne cours pas après la célébrité. Bien sûr, quand je vois le palmarès des Redbull Elektropedia Awards, ça me fait sourire. Je n’ai jamais été nominé dans la catégorie "producteur de l’année". Rien de grave… Mais à bien y songer, je devrais être producteur de l’année chaque année ! »