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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Nathalie Loriers

Le temps retrouvé

Igloo Records

Troisième opus du trio de la pianiste namuroise avec la saxophoniste Tineke Postma et le contrebassiste Nicolas Thys, Le temps retrouvé est à la fois ancré dans son époque et porteur de souhaits comme d’espoirs. Au début du confinement, le morceau qui donne son titre à l’album a été écrit comme une chanson et se fait très vite un chemin dans la mémoire musicale. « Je n’ai pas envie de retrouver ce qu’il y avait avant, explique Nathalie Loriers, j’ai envie de quelque chose de mieux. Ici, j’ai pu prendre le temps de poser les choses, de structurer l’album et de l’entendre complètement dans ma tête. » Retrouver le temps, donc. Et, tant qu’à faire, un lieu favorable, comme la Salle Philharmonique de Liège où cette musique a été enregistrée en direct par le trio uni, comme en concert sans public : « Jouer avec l’acoustique, c’est vraiment fantastique ! C’est un vrai plaisir qui devrait être la norme. » En attendant, cette méthode du direct s’est avérée non seulement efficace – tout a été mis en boîte en un jour et demi – mais aussi propice à la circulation fluide des ondes entre les musiciens. À part la reprise, toute en délicatesse et que l’on voit à peine venir, de ’Round Midnight, standard monkien s’il en est, la pianiste a composé l’entièreté de cet album. Mais il s’agit bien d’un album en trio et non d’une juxtaposition de trois solistes affublés de leurs ego. Pas question que chacun ait son solo dans chaque morceau donc, « on essaie plutôt que chacun soit inspiré par l’autre. » Arrivée à ce stade, entre la saxophoniste Tineke Postma, le contrebassiste Nicolas Thys et la pianiste Nathalie Loriers, l’interaction est féconde, tout en favorisant les sorties individuelles, brillantes, parfois ludiques, mais sans esbroufe. Complicité élective. S’il règne une certaine ombre sur Le temps retrouvé, rien à voir avec une quelconque opacité. Il s’agit plutôt d’un clair-obscur, savamment maîtrisé, avec une belle luminosité et quelques fulgurances. D’une telle écoute, le silence ressort toujours plus beau.

Dominique Simonet