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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Marc Melià

Veus

Didier Stiers

Au printemps, on retrouvait Marc Melià aux manettes du nouvel album de Françoiz Breut. Mais c’est ce 15 octobre, que le musicien nous reviendra avec un album bien à lui. Intitulé Veus, il fera suite à son Music for Prophet paru en 2017. Pour Larsen, le Majorquin balise son parcours de musicien.

IGOR STRAVINSKY, Le Sacre du Printemps (1913)
Jeune, j’allais souvent découvrir des disques dans la collection de mon père, un grand mélomane. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais attiré par les compositeurs russes. Le Sacre du Printemps m’a complètement bouleversé. J’ai trouvé ça extraordinaire, ce mélange entre folklore et musique classique, cette manière d’utiliser l’orchestre comme un seul instrument de percussion… J’ai le souvenir d’être dans mon lit avec les écouteurs et de me laisser emporter dans ces paysages fantastiques, parce que tout est lié, c’est une composition incroyablement bien écrite. Même s’il est difficile de voir le rapport avec ma musique, c’est aussi une de celles qui m’a fait devenir musicien ou, au moins, compositeur. Je suis fasciné par l’histoire de la première, au cours de laquelle le public avait détesté et s’était bruyamment manifesté!

RADIOHEAD, Kid A (2000)
Je pense que pour beaucoup de musiciens nés dans les années 80, et clairement pour moi, Radiohead est une référence. Entre
OK Computer et Kid A, je ne sais pas quel disque m’a le plus influencé… Radiohead est le groupe avec lequel j’ai découvert qu’il existait une pop différente : sur l’île de Majorque où j’ai grandi, la musique qui nous arrivait était un peu mainstream, alors la première fois que j’ai entendu Paranoid Android, j’ai été assez étonné ! Le jour où Kid A est sorti, j’écoutais une émission mythique de la radio espagnole et j’étais prêt à enregistrer sur une cassette ! C’est Everything in Its Right Place qui est passé, le morceau d’ouverture de Kid A, construit avec un synthé Prophet. C’est le synthé que j’ai le plus utilisé, j’ai même enregistré tout un album avec celui-ci (Music for Prophet, en 2017,– ndlr).

LAURIE ANDERSON, Big Science (1982)
Laurie Anderson est comme une étoile qui brille seule, loin des autres. C’est une personnalité unique, profonde comme on en trouve peu dans la pop. J’ai découvert
Big Science il y a une dizaine d’années. Ce disque est touché par la grâce, comme s’il avait été enregistré juste au moment où les musiciens étaient inspirés et disposaient des instruments nécessaires. On y trouve O Superman, le morceau le plus connu mais c’est un de mes préférés de tous les temps, d’une simplicité incroyable et d’une extrême sensibilité. Cet album a pas mal changé ma manière de voir la musique. Je suis fasciné par son mystère, qui vient de tout ce qui n’est pas “dit”. Comme si ces chansons avaient un potentiel énorme et que la direction prise à l’enregistrement n’était qu’une possibilité, qu’il aurait été aussi génial si une autre direction avait été suivie…

JUANA MOLINA, Halo (2017)
Cet album représente à mon sens tous ces disques pas super connus mais qui ont néanmoins une grande influence pour moi. Et tout comme Laurie Anderson, Juana Molina – qui a commencé sa carrière assez tard – prend des petites voies de traverse et moins évidentes. Ici, j’adore comment elle développe les motifs minimalistes de chaque morceau. Les chansons sont construites autour de boucles, c’est très simple, et tous les autres éléments les survolent en modifiant quelque peu leur signifié. J’adore aussi sa légèreté, ce n’est pas précieux mais c’est toujours pénétrant. L’originalité des sonorités électroniques me plaît, comme le mélange super bien imaginé avec les sons plutôt organiques de sa guitare et de sa voix. Et enfin, c’est un disque important parce qu’il est sorti sur un label que j’aime beaucoup, en plus de Bruxelles: Crammed Discs.