Accéder au contenu principal
Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

JeanJass

Hat Trick

Nicolas Alsteen

Du foot en salle aux concerts dans les festivals, la carrière de JeanJass est jalonnée de gestes techniques et d’un bel esprit d’équipe. Le temps d’un slalom sans Caballero, le rappeur s’offre à présent un joli Hat Trick. Une performance solo à apprécier à l’aune de ses goûts musicaux.

Starflam Survivant (2001)
Je l’ai longtemps considéré comme l’album le plus ambitieux du rap belge. Quand il est sorti, j’ai réalisé qu’il était possible de mener une carrière dans le hip-hop, même en venant d’ici. Pour moi, Survivant vaut bien n’importe quel classique du rap américain. Bien sûr, je pourrais citer CNN 199 ou De Puta Madre. Mais contrairement à ces groupes, Starflam témoignait d’un sens du professionnalisme affûté, un truc qui était alors complètement atypique en Belgique : un deal avec une major, la première partie de Rage Against The Machine à Forest National ou l’Olympia avec Assassin. Je suis aussi admiratif de la longévité du projet. Au regard des personnalités qui composaient l’effectif, c’est balèze d’avoir réussi à canaliser les égos pendant près de dix ans. Le groupe s’est ensuite séparé un peu brutalement. Une fin qui m’a toujours laissé avec un léger goût d’inachevé.

Gang StarrMoment Of Truth (1998)
Métèque et mat est le premier album solo d’Akhenaton. Il a vu le jour alors qu’IAM rencontrait déjà un énorme succès. Dans ce contexte, il a pris le risque de proposer autre chose : un disque dans lequel il évoque sa vie, son rapport à la religion, à l’amitié, à la famille. Que ce soit dans les thèmes abordés, la production ou dans la façon d’utiliser la musique pour raconter des histoires, c’est un chef-d’œuvre absolu : le disque de rap francophone qui m’a le plus influencé. Akhenaton intervient sur mon nouvel album. J’ai obtenu son contact et je lui ai proposé une collaboration sur le titre Mains qui prient. Dix jours plus tard, je recevais son couplet, un truc super carré. C’est rare ça, aussi, les gens qui sont aussi professionnels et méticuleux qu’Akhenaton. À cause du confinement, je n’ai pas encore eu l’occasion de le rencontrer en vrai. Mais je l’ai régulièrement au téléphone. Dès que c’est jouable, je file le voir à Marseille.

Akhenaton Métèque et mat (1995)
Les albums de Gang Starr qui viennent avant 1994 sont beaucoup trop “old school” pour moi. Je ne suis pas très ghetto blaster comme gars. En revanche, je place automatiquement Moment Of Truth dans ma discothèque idéale. C’est vraiment un classique du rap East Coast. À mon sens, les seuls disques new-yorkais qui égalent celui-ci, c’est le Illmatic de Nas et The Infamous de Mobb Deep. Je considère cet album de Gang Starr comme la quintessence du boom bap. Derrière ses platines, DJ Premier était alors à son zénith. Ses productions sont hyper minimalistes et pourtant, elles fourmillent de détails. J’ai commencé à écrire mes premiers textes de rap en utilisant les instrus de ce disque. Sans Moment Of Truth, pas de JeanJass.

Daft Punk Discovery (2001)
Quand le premier Daft Punk est sorti, j’étais trop jeune pour prendre la pleine mesure du phénomène. En revanche, Discovery a eu un énorme impact sur ma façon d’appréhender les samples et la production. C’était une porte d’entrée idéale vers l’électro, mais aussi la soul et le funk. Depuis l’annonce de leur séparation, je me suis replongé dans cet album de chevet. Je le connais par cœur. Dès que je l’écoute, je voyage dans le temps. Je me revois adolescent à Charleroi. Discovery est une proposition totale. De la musique à la pochette en passant par les clips d’animation, le disque touche à la perfection. C’est aussi le fruit d’un véritable travail en duo. Impossible, dès lors, de ne pas songer à celui que je forme avec Caballero. Dans notre cas, la séparation n’est pas à l’ordre du jour. Nous sortons des disques solo, mais nous reviendrons forcément ensemble sur un disque ou dans la prochaine saison de l’émission High & Fines Herbes.