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par le Conseil de la Musique

Offo Vrae

Le labo de Jawhar

Ayla Kardas

En quête d’abstraction, Jawhar Basti a trébuché sur son alter-ego, Offo Vrae. Le 10 octobre 2025, il partagera ce laboratoire expérimental avec le public de FrancoFaune, en compagnie de Marc Melià et Théo Lanau.

Offo Vrae est né en marge de votre projet principal. Que raconte-t-il sur vous?
Jawhar Basti: Ce projet a commencé à émerger juste avant le premier confinement, dans une période intense pour moi, marquée par une séparation. Alors que je chante d’ordinaire en tunisien, des morceaux en français se sont imposés naturellement à moi. Très vite, j’ai compris qu’ils n’avaient pas leur place dans mon projet principal. Offo Vrae, c’est un personnage qui chante dans une langue qui n’est pas la sienne et qui refuse toute identité figée, comme pour dire “je suis tout et rien à la fois”. C’est un être abstrait, libéré du poids des appartenances.

Comment ce projet, qui frôle les frontières du modulaire, se distingue-t-il de votre projet principal?
Ici, je voulais mettre la guitare en arrière-plan de la structure et ouvrir l’espace à d’autres textures: synthés analogiques, percussions organiques, programmations. J’apporte une base écrite de guitare-voix et on l’arrange ensemble avec Marc Melià et Théo Lanau. Mais les compositions harmoniques et les paroles sont plus simples car, en français, chaque mot pèse plus lourd pour moi. On retrouve la complexité plutôt dans l’atmosphère. C’est parfois un peu obscur.

Quel avenir imaginez-vous pour Offo Vrae?
Offo Vrae n’a pas vocation à suivre la logique classique “disque, sortie, tournée”. C’est un laboratoire que je veux garder ouvert, poreux aux rencontres et aux collaborations. Il pourra évoluer sur dix ou quinze ans, changer de forme, intégrer d’autres voix. Je veux le développer à travers des résidences régulières, un peu comme une création en mouvement. C’est presque un acte de résistance face à l’industrie: rester dans l’insaisissable, dans le geste, sans se soumettre à la productivité.