ROZA
En roue libre
ROZA dévoile les chansons qu’elle a écrites lors de sa tournée à vélo. Des titres engagés qui ont pour objectif de rassembler dans cette époque troublée et anxiogène.
Un vélo, cinq mois, 2.500 kilomètres. Pendant deux étés consécutifs, ROZA se lance dans une singulière et ambitieuse tournée “décarbonnée” à travers la Belgique et la France. Une manière d’être en adéquation avec ses engagements environnementaux, de favoriser les rencontres, de repenser le lien entre l’artiste et le public et de se produire dans des lieux souvent oubliés par les circuits culturels traditionnels. Ce périple à vélo modifie également le rapport au temps et au corps. Plutôt que de rester passive à l’arrière d’un van, l’autrice-compositrice s’oblige, cette fois, à être constamment en mouvement. Ces heures à se brûler les cuisses se transforment en moments de création. Elle se retrouve à fredonner des airs sur son deux-roues et à imaginer des débuts de paroles. Au fil des paysages, ces bribes d’idées deviennent des chansons. ROZA les teste alors sur scène, de différentes façons, pour voir comment celles-ci sont reçues.
ROZA
Je trouvais ça chouette de publier un petit album,
qui introduit la suite mais qui constitue aussi un chapitre à part entière.
Ces quelques chansons nées sur les routes sont aujourd’hui rassemblées sur un EP. « Je trouvais ça chouette de publier un petit album, qui introduit la suite mais qui constitue aussi un chapitre à part entière. Ce que j’aime bien avec ces chansons, c’est que je les ai déjà beaucoup jouées. Elles ont la même âme. » En six titres, la musicienne évoque beaucoup ses doutes, fait part de son désarroi face à un monde qui se porte mal et défend l’incertitude, tout en partageant la force de ses convictions.
Dans Peut-être, ROZA dénonce la pression constante à avoir une opinion tranchée. « C’est compliqué à gérer. Ça nous pousse souvent à dire des choses dont on n’est pas sûr mais avec beaucoup d’aplomb. Je crois qu’on peut aussi faire exister des opinions plus variables et dire qu’on ne sait pas, que le sujet est trop complexe, que ça nous dépasse. » Dans ce titre, ROZA se met au “spoken word” pour la première fois, car celui-ci découle d’un texte lu pendant ses concerts. « Ça m’a pris du temps avant de m’autoriser ce biais d’expression-là. J’avais peur que ce ne soit pas cohérent avec mon univers », glisse-t-elle. Pour la musicienne, il était important de conserver l’entièreté de ses mots, afin de ne pas se trouver à réduire des propos complexes pour les adapter à une mélodie.
Dans une société qui se durcit et où les extrêmes sont au pouvoir, ROZA veut prôner la solidarité pour y retrouver du sens. Une position qui n’a rien de naïf et qui se veut même politique. « Un concert avec des gens qui pleurent ensemble, ça a beaucoup d’importance », assure-t-elle. Avec sa musique, elle espère reconnecter différentes générations autour des enjeux actuels.
Voilà pourquoi elle reprend Non, non, rien a changé des Poppys, sorti dans les années 70. « J’ai voulu reprendre un classique très franco-français, pour tourner les questions vers les guerres au Moyen-Orient. Je sais que cette chanson peut relier beaucoup de monde. » Ce gap générationnel, elle l’aborde également dans J’apprends à travers sa propre cellule familiale.
À la production, on retrouve son acolyte Antoine Flipo, pianiste et compositeur de Glass Museum. « On a des influences communes. Mon univers est très influencé par le néoclassique, avec des sonorités plus acoustiques. Il est fort dicté par les cordes, archets et pianos. On vient ensuite l’agrémenter de nappes de synthés. » Le n’goni, guitare traditionnelle de l’Afrique de l’Ouest, reste présent mais il n’est plus au centre de son projet comme à ses débuts. « C’est un instrument avec lequel j’ai un lien fort mais qui pose des questions d’appropriation culturelle et de légitimité. Avec les années, je tiens à ouvrir mon univers pour décentraliser la présence de cet instrument. »
ROZA travaille déjà sur la suite, qui pourrait d’ailleurs bien nous surprendre. Elle nous donne rendez-vous d’ici quelques mois pour découvrir cette nouvelle direction.
Peut-être
NAFF Records