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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

André Borbé

Trente ans auprès des enfants

Louise Hermant

L’auteur-compositeur liégeois présente son nouveau spectacle et livre, Grand Ciel, toujours à destination des enfants. Après trente ans dans le milieu, le musicien tient à continuer de varier les propositions. Il se frotte aujourd’hui à la musique électronique.

André Borbé

Au moment de l’entretien, l’artiste liégeois effectue une résidence à Berlin, dans un centre de littérature. Il travaille sur un nouveau livret, le quatrième, commandé par l’Opéra Royal de Wallonie-Liège. Pour écrire, André Borbé a souvent besoin de s’échapper, de s’éloigner de son quotidien. Un processus qui demande du temps et de l’organisation. Son nouveau spectacle, Grand Ciel, a demandé deux ans de création. Il a d’abord fallu trouver la trame narrative pour ensuite venir y apposer des chansons. « Grand Ciel est à la base un projet de livre. Cette fois-ci, j’ai donc été contraint de mettre une musique sur des textes qui existaient déjà. C’était plus difficile, j’avais l’impression d’avoir la commande d’un auteur, alors que j’avais écrit les paroles ! », s’étonne l’une des figures du milieu jeune public en Belgique.

 

André Borbé
Dans le milieu "jeune public", on n’est jamais connu et on n’assoit jamais une carrière.
 

Après 30 ans de carrière, le Belge recherche les défis et évite de rester coincé dans ses habitudes. « J’ai l’impression que ce spectacle m’a amené à faire quelque chose de différent. Ça faisait longtemps que je voulais raconter une histoire au travers de personnages qui ne soient pas des humains. » Cette nouvelle création retrace le périple de Tchip, un petit oiseau atteint de vertige. Grand Ciel s’impose comme un récit musical autour des valeurs de l’amitié, qui donne autant à voir qu’à entendre. « Le spectacle se rapproche du théâtre, même si je ne suis pas comédien. Je raconte et j’essaie de jouer les personnages. Il y a aussi de la rétroprojection avec des jeux d’ombre, qui remplace les illustrations du livre d’une certaine manière. »

Pour la première fois, André Borbé et ses deux comparses musiciens, Patrick Schouters et Hervé Borbé, s’essaient à la musique électronique et aux sonorités rétro, après avoir tâté le terrain du jazz il y a quelques années. « Les synthétiseurs sont à nouveau au goût du jour. Avant, je ne m’autorisais pas à aller vers cette esthétique, je me disais que ça penchait trop vers les années 80. Les enfants sont aujourd’hui baignés là-dedans. » Le musicien estime que le jeune public semble prêt à tout écouter, bien plus que celui adulte. « Ils n’ont pas d’a priori », assure-t-il. Pour lui, cela permet d’oser plus de choses et d’être inventif dans les propositions. L’auteur-compositeur juge le domaine jeune public comme le plus créatif de ces vingt dernières années. « J’ai parfois l’impression que ça ronronne davantage dans le spectacle pour adultes. »

Des dizaines de dates sont déjà prévues pour Grand Ciel au début 2023, avant le lancement de la tournée en septembre, qui va durer entre trois et quatre ans. « Un spectacle est généralement joué quatre cent fois. Là- dedans, il y a beaucoup de séances scolaires. Le réseau de programmateurs du jeune public est très actif. On a cette chance-là. » Pour André Borbé, il existe une contrepartie : « On n’est jamais connu et on n’assoit jamais une carrière. » Les enfants finissent forcément par grandir et ne retiennent pas souvent les noms des artistes vus en spectacle. Il faut, alors, sans cesse aller conquérir une nouvelle génération, un autre public.

Une réalité quelque peu “frustrante”, pour le musicien liégeois. « Aujourd’hui, je commence à avoir des jeunes parents qui viennent avec leurs enfants et qui me disent qu’ils avaient vu mes spectacles quand ils étaient eux-mêmes enfants. Ça me file un coup de vieux mais c’est quand même sympa ! », se console-t-il. Pour autant, il lui est inenvisageable de s’adresser aux adultes. « Le jeune public demeure ma passion. Je trouve qu’il est le plus intéressant de tous. » À côté de la musique, André Borbé consacre davantage de temps à l’écriture de livres jeunesse (Gran Large & Loncour, Zinzin, 6.000 nuits, etc.). « Ces dernières années, j’ai plus de satisfaction à savoir que les choses durent. J’ai l’impression que les livres restent avec les gens. Les chansons, elles se consomment parfois de manière plus légère… »