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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Yamila

Didier Zacharie

En 2019, Yamila se fendait d’un premier album de pop avant-gardiste électronique unique en son genre. Trois ans plus tard, elle nous emmène encore plus loin avec Visions, album concept où l’électronique se mue en une musique contemporaine aux accents mystiques, telle une Hildegard von Bingen du 21e siècle.

Yamila Rios est Espagnole, elle a longtemps vécu aux Pays-Bas avant de s’installer en Belgique. Enfant, elle étudie le violoncelle tout en étant submergée par le flamenco : « Cette musique fait partie du langage musical familier dans lequel j’ai grandi. En Espagne, le flamenco est chanté et joué à toutes les fêtes de famille”. Adolescente, elle découvre les compositeurs contemporains pionniers de l’électronique d’avant-garde comme John Cage, La Monte Young, Pauline Oliveiros ou Stockhausen. Elle décide de partir aux Pays-Bas pour étudier la sonologie (l’étude des sons, notamment électroniques) au Conservatoire royal de La Haye. « J’y ai passé sept ans de ma vie, entourée de musiciens fantastiques. C’était un luxe ! » Elle se plonge dans la musique comme s’il s’agissait d’une thérapie. C’est l’autre signification de la sonologie : la thérapie par les sons. « C’est en faisant de la musique que je vis les expériences les plus intenses. C’est quelque chose d’abstrait. Elle peut toucher l’âme et le corps. Quand je fais de la musique, mon intention est toujours que l’auditeur ressente quelque chose dans son corps. »

 

Yamila

C’est en faisant de la musique que je vis les expériences les plus intenses

 

Ce qui nous amène à Visions, son deuxième album à paraître le 1er juillet. Un disque-concept qui doit autant à l’electronica expérimentale de Clark (producteur anglais du label Warp avec lequel elle a collaboré) qu’aux chants religieux du Moyen Âge: « J’ai commencé à travailler sur le disque en lisant des textes de mystiques comme Sainte-Thérèse, Hildegard, Julienne de Norwich… Ce qui m’a frappé, c’est que ces religieuses parlaient de manière très précise de leur corps et qu’en fait, Dieu n’était qu’une excuse pour parler de leurs expériences physiques… J’ai le sentiment que nous avons perdu cette capacité à ressentir les choses dans notre corps avec autant d’intensité. Ça a été le point de départ de l’album, ce besoin de retourner au corps et à l’expérience mystique qui le meut ». La thérapie par les sons. Physique et spirituelle.