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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Boris Gronemberger

My way

Jean-Marc Panis

L’homme derrière le touffu et excitant River Into Lake, récent ré-arrangeur d’Alain Chamfort et ex-Girls in Hawaii ou V.O., ne s’est pas fait tout seul. Voici les quatre piliers de son édifice musical.

Boris Gronemberger, hawaiian stylee

 BEACH BOYS,The Smile Sessions (1967)

Mon numéro un définitif. Même si j’adore Pet Sounds, cet album-là est encore plus inspirant. Sorti au début des années 2000, il contient des versions inachevées des chansons. J’adore le côté popotte interne : on entend le squelette des morceaux ou des parties incroyables qui ont été jetées par après. Et puis, il y a ce morceau absolu, Surfs up, en version hyper dépouillée, avec juste Brian Wilson et son piano. Pour moi, c’est le morceau parfait ! En écoutant cette version, on plonge dans le secret de l’enregistrement, on comprend comment il fonctionnait… à partir d’une ligne de basse ou de chant. Et après, tout est possible : soit on en reste là et ça tient, soit on ajoute la sauce riche ardennaise et c’est parti !

 PINK FLOYD, Animals (1977)

Pink Floyd est un des groupes responsables du fait que je sois devenu musicien. Peut- être même plus que les Beatles. Mon père écoutait Pink Floyd et je suis né l’année de la sortie d’Animals. Donc j’ai dû beaucoup l’entendre, nourrisson, et ça a pénétré le plus profond de mon ADN. C’est un album sur lequel je reviens très souvent. Sa production est totalement incroyable… C’est d’ailleurs étrange, parce que pour eux, ça a été un peu un flop, alors que je trouve que c’est un de leurs meilleurs. Je dois avouer que pour moi, tous leurs disques, jusque (et y compris)
The Wall, marchent. Dans Animals, il y a des sons incroyables de synthé, des morceaux qui font seize minutes, des textes fous… bref, un chef d’œuvre sorti en pleine période punk, que j’adore aussi. Pink Floyd est le groupe emblématique de l’audace totale, et qui paye… Prenez Dark Side of the Moon : quelqu’un ferait ça maintenant il vendrait 500 disques, eux en ont écoulé des millions et il est resté dans le Top 50 pendant 14 ans. Qu’est-ce qui s’est passé dans le monde de la musique ? Avec mes petits moyens, j’essaie de prendre le chemin qu’ils ont tracé.

 BEAK> (depuis 2008)

Ce groupe est, passez-moi l’expression, une tuerie. Je les ai découverts il y a quatre, cinq ans. Ça m’a fait du bien d’entendre un groupe de gars un peu plus âgés que moi qui font du krautrock à trois, tout simplement. Avec sincérité et “popitude”. En concert, ils sont très drôles et jouent hyper bien ! En tant que musicien, ça fait du bien à voir et écouter : il n’y a pas de chichi, pas d’écran, c’est le retour du vrai rock ! Ils n’inventent pas l’eau chaude, mais c’est bien fait et on y croit. Ce qui est fort aussi, c’est leur capacité à traduire cette énergie des concerts sur disques, je trouve ça dingue de pouvoir faire ça maintenant.

CLAUDE DEBUSSY, Orchestral Works

Debussy est une de mes grandes influences, je ne peux pas le nier. Je l’ai découvert à quinze ans, grâce à un CD que mon père m’avait prêté, je devais être en pleine période Cure/ Sonic Youth. C’était une édition Naxos, dans laquelle il y avait le Clair de Lune, la Suite Bergamasque, ce genre de tubes. Ça m’a littéralement retourné comme une crêpe, dès la première écoute ! Il y a plein d’émotions fortes dans cette musique, de la dynamique, ça me parle. Depuis, la musique de Debussy ne m’a jamais quitté. Quand je me place en isolement pour écrire, il y a toujours un moment où je l’écoute pour me laisser aller à l’inspiration, surtout quand j’écris les textes. Le morceau Des pas sur la neige
est magnifique, intemporel, vaste, magique. Malgré l’absence de texte, il raconte plein de choses : avec le titre et la musique, on est parti vers l’infini !