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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

The Feather

Service de chambre

Jean-Marc Panis

Pour son deuxième album sous la bannière The Feather, Thomas Médard a des choses à nous dire.

The Feather aka Thomas Médard

On avait laissé Thomas Médard il y a six ans, encore tout émoustillés que nous étions par son voyage intérieur qui s’appelait Invisible. Le revoici avec le majestueux et bien nommé Room. S’il lui fallait une excuse pour ce délai de livraison, il en a deux, très valables : la paternité et une maladie qui a bien failli lui coûter la vie. Il est attrayant d’écouter les choses à travers ce filtre car il faut se rendre à l’évidence ici : Room est le récit d’une aventure humaine. Celle d’un jeune homme revenu de contrées hostiles et effrayantes et qui prend la mesure de sa chance d’être encore là pour raconter son périple. Il le fait avec générosité sur cet album pas très “Compagnie Créole” et il le confesse volontiers : « C’est vrai, il y a beaucoup de noirceur dans ma musique, je ne peux pas concevoir de chansons sans accords mineurs. »

Alors que l’exercice pourrait prendre un tournant plombant, les détours pris par la production ravissent et colorent un constat d’actualité : il est bon d’être vivant. Les morceaux ont beau nous emmener loin du bord, par mer peu calme, ils n’oublient pas que la musique pop est une affaire de dynamique. La production est enlevée et variée, des instruments à vent s’invitent, ajoutant une note cinématographique à l’ensemble (Louder), sans oublier la possibilité d’une insouciance (Is it enough), d’une danse lente (At sea) ou d’un tube potentiel “à la Balthazar” (Sister). Mais le centre du propos se trouve dans le morceau Stay up. Du propos et de la démarche : raconter la douleur et la complexité d’expériences riches et douloureuses à la fois, sans se départir d’un groove qui emporte l’ensemble. Thomas précise : « Ce que je retiens de cette expérience, c’est que rien n’a pu m’empêcher de faire de la musique… Elle a été ma bouée et le meilleur des médicaments. » Ça doit être ça, l’élégance pop. Et c’est en tout cas celle de The Feather.


The Feather
Room
[PIAS]