Alice on the roof
Tout simplement ALICE
Déjà une décennie qu’Alice on the roof et sa pop duveteuse évoluent dans le paysage musical francophone. Révélée dans The Voice, la Montoise trace sa route depuis le succès retentissant de son premier single, Easy Come Easy Go. Elle dévoile aujourd’hui son troisième album, emmené par une composition aussi riche qu’insouciante et des textes ravageurs de sincérité. Un opus à son image et qui porte d’ailleurs son nom, ALICE, comme une promesse de s’y livrer telle qu’elle est, ni plus ni moins.
Vous revenez avec un nouvel album sept ans après le précédent, Madame. Qu’est-ce qu’on ressent quand on sort un album pour la première fois depuis longtemps?
Je travaille sur l’album depuis cinq ans. C’est long. Quand vous avez un projet comme ça qui sort, ça donne la pétoche. C’est la troisième fois que je le vis et à chaque fois, évidemment, c’est un saut dans le vide. Mais j’ai très hâte qu’il sorte et j’espère que l’après sera aussi agréable que le pendant, parce que j’ai adoré faire ce disque.
Alice on the roof
J’avais envie que la couche entre Alice la chanteuse
et la vraie Alice soit la plus mince possible.
On se retrouve un peu avant votre passage sur la scène du festival FrancoFaune, où vous êtes venue interpréter un morceau avec Albin de la Simone. Il fait partie des nombreux artistes qui ont contribué à ce nouvel album. Comment sont nées ces collaborations?
Il a fallu être patiente et attendre que les pièces s’emboîtent au fur et à mesure. La première personne avec qui j’ai travaillé sur cet album, c’est mon amie Valentine (Brognion, – ndlr), que les gens connaissent peut-être parce qu’elle a gagné The Voice aussi. Au départ, je me demandais beaucoup “qu’est-ce que je vais apporter de plus dans ce monde ?”. J’ai tendance à me comparer très vite et à me sentir moindre. La chanson Miroir, miroir, que j’ai faite avec elle, parle de ça. La suite des collaborations est arrivée par ricochet. Zazie a donné un concert à Mons, où j’habite, et elle a mentionné qu’il y avait une chanteuse qu’elle aimait bien dans la salle. C’était moi. Par la suite, pendant que j’étais en train de faire l’album, elle m’a proposé d’aller dans son studio. J’avais plein de chansons orphelines qui avaient besoin de textes, je lui ai fait écouter mes maquettes et elle a flashé sur deux chansons. Mais il a fallu attendre la rencontre déterminante : Albin de la Simone. Il y a deux ans, j’ai commencé une tournée dans laquelle je testais les chansons qui sont sur cet album. Il m’est arrivé plusieurs fois d’avoir écrit une chanson pendant la semaine et de la tester en concert le vendredi. Pendant cette tournée, de manière tout à fait intéressée, j’ai invité Albin à mon concert au Cirque Royal et il a cerné tout de suite ce que je voulais transmettre.
Il se dégage quelque chose de très féminin, maternel et sororal tout au long de l’album. L’ensemble ressemble à une déclaration aux femmes de votre vie, finalement.
C’est inconscient… mais ça me touche beaucoup. Ma maman est très indépendante et j’avais envie de faire une chanson qui rende hommage à ça. Elle est très différente de moi parce qu’elle, le regard des gens, ça lui passe à 1.000 km au-dessus de la tête. J’adorerais être plus comme elle. Quand on détricote tout, c’est vrai qu’il y a beaucoup de présence féminine forte et ça me fait super plaisir. Catherine Ringer, c’est pareil. Je l’admire énormément. Elle représente tout ce que j’adore, tout ce que je rêve d’être. Elle est libre, super instinctive et je pense qu’elle ne se laisse pas dicter sa vie par grand monde.
Vous mentionnez Catherine Ringer parce que vous partagez une reprise avec elle sur cet album, la chanson Ma chérie d’Anne Sylvestre. Pourquoi avoir choisi ce morceau?
J’avais envie de faire une reprise. C’est quelque chose que j’avais déjà fait sur mon album précédent. Et je voulais une chanson sur le thème des mamans. Je voulais tirer le fil, puisqu’il y avait déjà le titre Maman debout. Donc j’ai cherché. Celle-là est apparue. Je ne la connaissais pas. Vous la connaissiez, vous ?
Oui, vaguement. Mais je me dis que ça doit être bien d’aborder une reprise sans avoir un a priori sur ce qu’on sait déjà de cette chanson.
Oui, c’était une page vierge. La seule différence, c’est qu’Anne Sylvestre est la chanteuse préférée de ma mère. Donc ça, c’était sympa. Et puis cette chanson, Anne Sylvestre la chante avec sa fille, Alice. Je me suis dit que c’était le destin qui me faisait signe. J’ai hésité une demi-seconde à la faire chanter à ma propre mère, qui n’aurait pas aimé l’idée, donc ça n’était pas la peine. Dès lors, j’avais vraiment carte blanche. Qui est-ce que j’allais choisir comme maman ? Dans le haut de ma liste, il y avait Catherine Ringer. J’ai donné l’idée à ma maison de disques en pensant “on ne sait jamais”. J’ai eu tellement de chance qu’elle accepte. C’était incroyable, je n’avais jamais vu quelqu’un chanter comme ça en studio. C’est une performance. Elle me donnait la main pendant qu’elle chantait, c’était magnifique.
À entendre ces rencontres qui ont façonné petit à petit l’album, on dirait que tout s’est aligné.
J’ai eu cette sensation-là mais il a fallu du temps. Pendant longtemps, mon entourage se demandait ce que je faisais. J’ai essayé de garder confiance en mon rêve. L’album aurait pu sortir plus tôt mais il aurait peut-être été un chouïa plus classique. Il a fallu tenir bon mais, pour moi, ça a été une révélation, ça m’a fait un bien fou. Un bien fou de chanter en français, d’aborder certains thèmes. La chanson 15 ans, par exemple, je n’aurais jamais pensé à la faire il y a cinq ans. C’est en écrivant sur ces petits traumatismes que j’ai réalisé le bien que ça me faisait.
L’album s’intitule sobrement ALICE. Pourquoi avoir choisi, parmi tous vos projets, de baptiser celui-ci comme vous?
C’est un coup qu’on ne peut faire qu’une fois dans sa vie, dans sa carrière. Et ça m’a semblé évident. Ma démarche a été d’essayer d’être la plus sincère possible. Je suis assez “nature peinture” et j’avais envie que la couche entre Alice la chanteuse et la vraie Alice soit la plus mince possible. Sur la pochette de l’album, j’ai les épaules dénudées. L’idée était de se mettre à nu, sans vouloir intimider personne. Ce que j’adorerais, c’est que les gens ressentent quelque chose à l’écoute de l’album, que ce que j’y raconte fasse écho en eux.
Qu’est-ce que vous écoutiez pendant que vous élaboriez votre album? Qu’est-ce qui vous a inspirée?
Le groupe Beirut ne m’a jamais quittée. Il y a des cuivres qui me font penser à leur musique dans mon nouvel album, ça me fait super plaisir et ça me conforte dans l’idée qu’il faut suivre son intuition. C’est la force d’Albin de la Simone, qui a apporté, avec les arrangements, encore une deuxième couche, une troisième couche et du relief à mes chansons… On s’est vraiment éclatés. J’ai aussi beaucoup écouté Iliona, avant même la sortie de son album. La chanson Micha a tourné en boucle. C’est une fille inspirante parce que sa manière de faire des chansons est un peu déconstruite. Ce n’est pas conventionnel. C’est très personnel mais ça touche. Donc ça, ça m’a portée. Il y a une autre fille que j’écoute sans cesse, c’est Feist et son tube, 1234. C’est joyeux et mélancolique à la fois, ça touche ma corde sensible. Et puis je me suis découvert une nouvelle passion pour la Formule 1 figurez-vous, donc j’ai écouté pas mal DJ Visage. Vous connaissez ?
Non, je n’ai pas cette chance !
Je vous le recommande. À vous et à tout le public de Larsen.
ALICE
tôt Ou tard
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Alice on the Roof - 15 ans (Vidéo officielle)