Camille Yembe
Égérie pop
Nouvelle égérie d’une pop francophone totalement décomplexée, Camille Yembe a tapé dans l’œil de Stromae et soufflé ses idées rafraîchissantes dans l’oreille de Damso. Si tout semble désormais sourire à la chanteuse bruxelloise, ses chansons racontent pourtant une tout autre histoire : celle du chemin (de croix) qui mène vers le sommet. Là où les rêves deviennent réalité.
C’est devenu un rendez-vous incontournable. Chaque année, fin janvier, la Belgique se mobilise autour de la Semaine de la Musique Belge. Au nord comme au sud du pays, l’événement souligne la richesse et la vitalité de notre scène musicale via de multiples initiatives. Plutôt discret depuis l’annulation de sa dernière tournée, Stromae a profité de l’édition 2025 pour réapparaître à l’écran. Vite fait, le temps d’une petite vidéo : une capsule dans laquelle il vante les mérites d’une voix émergente. C’est son coup de cœur. Le crush du maestro s’appelle Plastique, une chanson signée Camille Yembe, 28 ans et un talent évident. « J’ai pris sa déclaration comme une forme de reconnaissance, confie l’heureuse élue. Jusque-là, je me sentais illégitime… Parce que je n’ai aucune formation musicale, que je joue vaguement de la guitare et du piano. Quand j’ai entendu Stromae dire mon nom, j’ai retrouvé la confiance. S’il aimait ma chanson, j’étais probablement dans le bon… »
Camille Yembe
Quand j’ai entendu Stromae dire mon nom, j’ai retrouvé la confiance.
La culture musicale de Camille Yembe se construit, dès le plus jeune âge, au contact de télé-crochets comme The X-Factor ou Nouvelle Star. « C’est en regardant ces émissions que j’ai découvert les compos d’Aretha Franklin ou de Charles Aznavour, des artistes qui m’influencent encore aujourd’hui », explique-t-elle. Son rapport à la musique prend un tournant personnel durant l’adolescence, lorsqu’un rapport conflictuel avec son beau-père l’amène à vivre loin de chez elle. « La musique est alors devenue un refuge. C’était mon seul moyen d’échapper à la réalité, dit-elle. Je rêvais de devenir chanteuse. Mais pour moi, l’industrie musicale était un mystère. Pour m’en approcher, j’ai eu l’idée d’envoyer une vidéo à une personne que j’aimais. J’ai vite songé au rappeur belge Gandhi. À l’école,avec mes potes, on adorait son morceau Erreur Fatale. Je me voyais déjà faire un duo avec lui… C’était un délire. Mais j’ai tenté le coup. » Poli, Gandhi lui répond. « Il m’a juste demandé de patienter. Parce qu’il s’apprêtait à s’envoler pour Kinshasa où il devait enregistrer un album. Ça tombait bien : je devais moi aussi y aller, au même moment, pour retrouver mon papa. »
La route des deux Bruxellois se croise ainsi en République Démocratique du Congo. Là, sur les conseils de Gandhi, Camille Yembe entrevoit la possibilité d’écrire ses propres chansons. Toutefois, de retour en Belgique, son portefeuille la rappelle à l’ordre. « Pour m’en sortir, j’ai dû multiplier les jobs alimentaires. Puis, j’ai trouvé un emploi stable comme standardiste dans une entreprise publique. Je pensais y rester quelques mois. Mais quatre ans plus tard, j’étais encore là, en dépression. J’avais l’impression de passer à côté de ma vie. » En véritable sauveur, Gandhi lui lance alors une improbable bouée de sauvetage : une entrevue avec Damso qui, à l’époque, travaille sur un album de la chanteuse Eva Queen. « À notre arrivée, Gandhi a demandé à Damso et Eva Queen de m’écouter. Dans mon for intérieur, je me suis liquéfiée. Sans trop savoir comment, je suis parvenue à garder mon calme et leur expliquer ma méthode de travail. Au départ, j’étais là pour une chanson. À l’arrivée, j’ai quasiment écrit tout l’album. » Cette session marque un tournant. « Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression d’être à ma place. »
Au lendemain de cet épisode, Camille Yembe quitte son travail pour se consacrer pleinement à la musique. Ultra pop et spontanées, les six chansons gravées sur l’EP Plastique abordent sans détour le thème de la confiance en soi. Comment s’accepter, s’émanciper et s’affirmer en tant que personne et artiste? Une question complexe à laquelle la chanteuse répond avec l’art et la manière.
-
Camille Yembe - Coups de soleil (Clip officiel)