Bilou
Quand les images répondent (vraiment) à la musique
« La musique, c’est bien, mais c’est une étape de travail. Je pense qu’il faut voir les choses comme ça pour que le clip devienne un objet vraiment intéressant », nous explique Bilou.
Après des études de photographie à St Luc – et un bon paquet d’années passées à aiguiser sa pratique –, ce·tte véritable touche-à-tout s’est rapidement mis·e à bidouiller ses premiers clips: « Grâce aux appareils numériques qui permettaient aussi de filmer, j’ai commencé à chipoter, à faire des clips très lo-fi pour des copains comme Robbing Millions, par exemple. C’était une époque où on essayait des choses avec des moyens bricolés », se remémore-t-iel.
Bilou
Je peux être politique dans mes images.
Une approche DIY et expérimentale guidée par la photographie mais aussi par l’amour du clip 100% artistique, à la Spike Lee et Michel Gondry. « J’ai toujours fonctionné par tableaux. J’essayais de mettre en scène des images sous forme de cadavres exquis : une image en entraînait une autre et, au fur et à mesure du processus, je me rendais compte que je parlais d’un tout », explique l’artiste. Son truc ? Créer des séries d’images dont la narration se devine, sans point de départ ni d’arrivée. « On explore un monde et on se rend compte qu’il y a plusieurs symboles, plusieurs tableaux qui peuvent faire écho les uns aux autres », ajoute-t-iel. Des clips qui laissent, par ailleurs, de moins en moins de place à la personnification : l’idée, c’est de déposer un univers unique, éphémère. Fabriquer des images qui puissent, à leur manière, répondre à la musique.
Cette démarche, on la retrouve également dans les clips de l’artiste, qui, il y a quelques années, démarrait son épopée musicale avec un premier live diffusé sur une chaîne de télé secrète, concocté avec l’aide de son fidèle ami Flavien Berger. « Je suis une personne non-binaire. À l’époque, j’étais assignée femme et j’ai beaucoup travaillé pour des hommes qui venaient chercher “ma patte” pour finalement me dire que c’était trop queer. J’avais envie de faire les choses autrement et, en commençant la musique, j’ai pu faire mon premier clip dessus. Là je me suis dit “c’est génial, je peux vraiment faire un truc où je réponds à la musique (…) Je peux être politique dans mes images” », explique-t-iel avec un brin d’excitation. Les clips Picoti, Lavandou ou encore Amiallié·e – sa très belle collaboration avec Flavien Berger – nous le prouvent : le clip peut ne pas accompagner la musique. Le clip est mort, vive le clip !