Helena
"Hélé", tout simplement
Il y a une vie après la Star Academy. Après l’aventure qui l’a menée aux portes de la finale du télécrochet de TF1 et la tournée collective avec ses compagnons de la promotion 2024, Héléna Bailly a travaillé en petit comité pour écrire et composer un premier album générationnel entièrement à son image. Entre pop au naturel et chanson française, sans paillettes et sans esbroufe. Le public l’a suivie. La semaine de sa sortie, Hélé pulvérisait les records de streaming tant chez nos voisins français qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il en faut pourtant beaucoup plus pour bousculer la jeune Brabançonne. Rencontre à la veille de sa première tournée solo.
Vous signez et composé toutes les chansons d’Hélé. Quand et comment sont-elles nées?
Toutes les chansons ont été écrites sur une période de six mois qui a précédé la sortie de l’album. Il y avait quinze titres, on en a éliminé deux. Avant et même pendant l’aventure de la Star Academy, je n’aurais jamais osé écrire une chanson. Je m’en sentais incapable. Lorsque j’ai quitté le château de la Star Ac’ début 2024, je savais qu’en tant que demi-finaliste, il y avait contractuellement au moins un single qui m’attendait (Aimée pour de vrai, certifié disque d’or, – ndlr) et que j’allais partir en tournée avec les autres lauréats. Ma route était tracée pour au moins six mois et je ne pensais pas encore à la suite. Le déclic s’est produit à la fin de cette tournée collective. Je me suis dit “ok, maintenant je me retrouve seule, je suis signée chez Sony Music, j’ai l’opportunité d’enregistrer un album et de me montrer telle que je suis”. Et je me suis mise derrière mon piano. À mes yeux, ça me paraissait plus évident de relater mes propres expériences. Dans ce disque, rien n’est inventé. Je suis passée par tout ce que je raconte. Les expériences les plus lumineuses, comme les épisodes les plus sombres. J’ai écrit Summer body (ode sur la réappropriation de son corps, – ndlr) et Mauvais garçon (sur les relations toxiques, – ndlr) pour évacuer des traumatismes intérieurs. Et puis, je me suis rendu compte que ce que je chantais pouvait avoir un impact sur les autres.
Helena
Je me suis rendu compte que ce que je chantais
pouvait avoir un impact sur les autres.
L’épopée Star Academy et la signature d’un contrat avec Sony Music vous auraient permis de choisir un gros nom comme réalisateur de l’album et d’avoir des featurings “bankable” pour faire “matcher” les playlists sur les plateformes de streaming. Il n’en est pourtant rien. C’est votre décision?
Ça me faire rire quand vous dites “matcher” car j’ai effectivement entendu ce terme très marketing en discutant avec des directeurs artistiques. Bien sûr qu’on m’a suggéré d’avoir des featurings mais j’ai refusé. Et on m’a écoutée. Je ne me voyais pas du tout partager mes textes qui sont intimes. Durant la Star Ac’, j’ai fait des tas de covers et des tas de duos. On m’a comparée à d’autres académiciens, à d’autres chanteuses. C’est le jeu. Mais sur ce premier album, j’avais envie d’être seule avec mes propres chansons. J’ai enregistré Hélé à Clermont, dans le studio RB de Romain Botti. On a travaillé en vase clos avec Romain, Vincha et Jonathan Cagne.
Dès la première chanson de l’album, Mon piano et moi, vous faites référence à Angèle. Il fallait évacuer cette comparaison qui pourrait être pesante?
Cette chanson est 100% autobiographique. Elle raconte comment ma vie a basculé lorsque mes parents m’ont offert un piano. Comme je le dis dans un couplet, Balance ton quoi d’Angèle est la première chanson que j’ai apprise. J’ai encore des vidéos de moi en train d’essayer de faire comme elle sans y arriver. Je ne pouvais pas passer à côté dans mon album. C’est un clin d’œil. À Angèle que j’admire beaucoup, à la Belgique, à tous ceux qui aiment comparer… Je voulais mettre ça sur la table dès le début du disque pour passer ensuite à autre chose.
Dans une interview post-Star Academy, vous disiez qu’être chanteuse en 2025, c’était « 50% faire de la musique et 50% faire d’autres choses ». Vous aimez ces “autres choses”?
C’est le prix à payer aujourd’hui pour avancer dans un projet artistique. Être chanteuse, auteure et compositrice, c’est être entrepreneuse. On ne peut plus se contenter d’enregistrer une chanson et espérer que le lendemain tout le monde se rue sur les plateformes pour l’écouter. Il faut être créatif et j’adore ça. Les interviews ? J’ai été rompue à cet exercice avec l’expérience Star Academy. Je me sens à l’aise avec les médias, j’ai envie de défendre mes chansons, d’expliquer mes textes, de mettre en valeur les clips, mon album. Je ne vais pas me plaindre non plus qu’on s’intéresse à moi. C’est un métier, je l’adore. Il comporte tellement de facettes que j’échappe à la routine. Un jour je fais de la promo, un autre je suis en studio ou sur un shooting et puis il y a la tournée qui arrive. C’est assez varié…
Helena
Je ne vais pas me plaindre non plus qu’on s’intéresse à moi.
Votre frère aîné Arnaud est à vos côtés depuis la sortie de votre premier single Aimer pour de vrai. Comment se passe votre collaboration?
Quatorze ans nous séparent. Il a quitté la maison quand j’étais encore gamine. On n’a jamais été aussi proches aujourd’hui. C’est un créatif, il a sa propre boîte de pub. Il ne connaissait pas le monde de la musique mais son expérience lui a permis d’apporter de la fraîcheur et de l’originalité. L’idée d’inviter
Miss France dans le clip de Summer body, on y a pensé à deux. Camille Serf lançait sa marque de lingerie. Moi j’avais cette chanson sur la réappropriation de son corps. Cette collaboration avait du sens. C’était un coup énorme au service d’une chanson qui parlait d’assumer ses quelques kilos en trop. Le plus beau compliment que j’ai reçu, c’est une jeune fille qui m’a dit : « Grâce à ta chanson Summer body et ton clip, je me suis acheté un bikini et j’ai osé le porter à la plage ».
Qui dit succès dit forcément haters. Vous gérez?
Le monde est cruel. Ce n’est pas les “Bisounours”. Bien avant TikTok, on me surnommait “bouboule” à l’école. Je ne peux pas dire que je suis entièrement blindée contre ça. Si on m’attaque sur quelque chose que je ne peux pas contrôler, comme mon physique par exemple, ça ne m’affecte pas car je ne sais rien changer. Par contre, quand on critique les chansons que j’ai écrites, ça peut blesser. C’est dans ces moments-là qu’il faut avoir un mental fort. Sinon, on se remet constamment en question et on n’avance plus.
Hélé
Sony Music
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Helena - Summer Body (Clip Officiel)