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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Alexandre De Bueger

Musicien & réalisateur

Didier Stiers

Réalisateur, ce n’est pas forcément le job auquel on l’associe en premier lieu quand on lit son nom. Il serait d’ailleurs plutôt musicien, Alexandre, puisqu’il a joué entre autres avec Annabel Lee ou Alaska Gold Rush, avant d’officier aujourd’hui à la batterie pour Ada Oda et Gros Coeur. Pourtant, on peut retrouver sa signature sous un joli paquet de clips!

Quelques noms ? Témé Tan, par exemple, Mountain Bike et Oberbaum, ou justement, Ada Oda, Gros Coeur et Annabel Lee… Sauf qu’Alexandre De Bueger ne considère pourtant ni la musique ni la réalisation comme son métier. « J’ai fait une école de cinéma, nous raconte cet ancien de l’INRACI qui avait au préalable tenté l’IAD, mais j’ai un boulot alimentaire sur le côté. Je suis monteur, à la télé principalement. D’un point de vue créatif, ce n’est pas très épanouissant mais ça paie les factures. » Et les clips, alors ? Il s’y est mis d’abord pour les groupes dans lesquels il jouait. « C’est un milieu où on est souvent un peu fauché. Donc, c’était une facilité : je trouvais une caméra à prêter et, souvent, je ne me payais pas. On peut brainstormer ensemble sur une idée plutôt que solliciter un réalisateur “extérieur” qui aura forcément des honoraires un peu différents. »

 

Alexandre De Bueger

Avec trois francs six sous et un peu de bonne volonté,
un minimum de connaissances techniques,
juste une caméra et les bases d’un programme de montage,
on fait déjà beaucoup de choses!

 

Au sortir de ses études, entre deux ou trois petits boulots, il a été stagiaire dans une boîte de prod’ qui a travaillé sur l’un ou l’autre clip. Des productions plus ambitieuses… « Ça m’a permis de voir comment ça marche. Mais je me suis vraiment rendu compte que ça ne me plaisait qu’à moitié. La pression, le décorum un peu classique du cinéma qu’on transpose dans les clips, souvent avec un réalisateur, un directeur photo, des électros, toute cette hiérarchie à respecter et puis tout le travail de préproduction… Pour moi, c’est trop stressant, trop intense. » Avec “ses” groupes ou les groupes de copains et de proches pour lesquels il tourne, Alexandre De Bueger se prend nettement moins la tête. Ni scénario, ni découpage préalable, plutôt de l’impro et de l’expérimentation ! « C’est toujours un truc qu’on fait ensemble, avec le groupe. Beaucoup de décisions sont prises sur le moment même. Tout est souvent fait avec des bouts de ficelles mais dans une optique de jeu. »

Né en 1988, il a grandi bercé par MTV et MCM. Grand consommateur d’images, il est aussi l’auteur d’un travail de fin d’études sur la clipographie de Michel Gondry. Et donc, il voit le clip comme un espace de jeu hyper amusant où tout est permis. Mais s’il devait caractériser sa touche ? On en revient à la même idée, celle de la débrouille : « Outre la volonté d’être un peu ludique et d’expérimenter, c’est de fonctionner avec très, très peu de moyens. Avec trois francs six sous et un peu de bonne volonté, un minimum de connaissances techniques, juste une caméra et les bases d’un programme de montage, on fait déjà beaucoup de choses ! ».


Image extraite du très psychédélique clip accompagnant Kawa, de Gros Coeur, le groupe dont Alexandre De Bueger est aussi le batteur. «L’image ne paraît pas être en haute définition, mais c’est intentionnel. Il y a un filtreVHS sur ce clip, commente celui qui dit ne pas trop prendre au sérieux le “processus” de la vidéo. J’aime bien ce côté un peu potache, un peu bricolé. Il faut que ça reste ludique.» Gros Coeur avait remporté beaucoup de prix lors de l’édition 2022 du concours Du F. dans le texte.