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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Cyprien Delire

Le rap à l'écran

Nicolas Alsteen

Lunettes vissées sur le nez, Cyprien Delire réalise des clips soignés pour Hamza, Smahlo, JeanJass ou Caballero. Pour l’heure, il accompagne surtout Stromae aux quatre coins du globe. Chargé de ramener des vidéos souvenirs de la tournée internationale, le réalisateur chimacien n’oublie jamais d’où il vient. Avenant, proche des gens, Cyprien Delire sait aussi que le hasard fait bien les choses. À commencer par sa carrière.

Intercepté entre deux valises, Cyprien Delire s’apprête à quitter la Belgique. Direction le désert californien, théâtre (sur)naturel de l’affiche XXL du Coachella. Avant de prendre l’avion, le réalisateur rembobine son histoire. « Je suis originaire de Couvin, une ville située à proximité de Chimay. Après mes études secondaires, je rêvais de faire l’IAD. Mais j’ai loupé l’examen d’entrée. Par dépit, je me suis tourné vers la communication. C’était une solution de transition, mais j’y ai pris goût. Je suis allé jusqu’au bout. » Un changement de cap qui ne l’empêche pourtant pas d’embarquer sa caméra en week-end ou lors d’escapades en festival. « Je proposais mes services à droite et à gauche. C’est comme ça que j’ai trouvé un job d’été aux Ardentes. » Où il croise la route d’Anthony Consiglio, cheville ouvrière de l’agence Back In The Dayz. « Au détour d’une conversation, il m’a proposé de réaliser un clip pour Caballero & JeanJass. Le hasard faisait bien les choses : j’étais super fan de leur musique ! » Là-dessus, l’amateur découvre Bruxelles et le métier de réalisateur. « C’est la première fois que je posais ma caméra dans la capitale. Je n’y connaissais rien. À tel point que j’ai tourné le clip au Botanique. À l’époque, j’étais persuadé d’oser un truc de fou. Maintenant que je vis à Bruxelles, je me rends compte que ce haut lieu culturel fait partie des meubles de la ville. Filmer là-bas, c’était sans doute l’idée la moins inspirée du monde », rigole-t-il. Quoi qu’il en soit, l’épisode marque le début d’une belle série avec, à la clé, des réalisations pour Smahlo, Hamza, Pale Grey, Rockwan, Mathilde Goffart ou La Smala.

 

Cyprien Delire

Je mise sur les concepts simples et efficaces,
les introductions frontales et les transitions hyper fluides.

 

Depuis plusieurs mois, Cyprien Delire suit Stromae à la trace. « Je l’accompagne sur sa tournée pour documenter les concerts, répétitions et autres moments partagés sur la route. C’est énergivore, mais j’adore. J’ai l’impression de revenir aux fondamentaux de ma passion. J’opère dans l’instant. Le but est de créer du contenu pour les réseaux sociaux. Le plus stimulant, c’est de bosser avec des esthètes : des gens qui ont du goût, des attentes élevées et un point de vue singulier sur l’art en général. En cela, mes vidéos pour Stromae se rapprochent davantage du cinéma que d’images lambdas pour les réseaux. L’expérience est hyper enrichissante. » En attendant son prochain clip, le réalisateur révèle ses secrets de fabrication : « Je mise sur les concepts simples et efficaces, les introductions frontales et les transitions hyper fluides. Et puis, quand une relation humaine est établie, j’ai tendance à poursuivre l’aventure. » Le plus longtemps possible.

Récemment, Cyprien Delire a réalisé le clip de Reflet pour Glass Museum. « Les musiciens sont arrivés avec une proposition ultra visuelle, indique le réalisateur. Comme leur musique est purement instrumentale, il fallait opérer un travail précis sur les images via des jeux de lumières et de chouettes perspectives. Le défi m’intéressait d’autant plus que, pour ce projet, Glass Museum s’est entouré du collectif Ohme. » Établie en Belgique, cette communauté créative conçoit des visuels à la jonction de la science, du mapping, des arts et des nouvelles technologies. « Il fallait prendre ces éléments en compte et dépasser les logiques d’une session acoustique. » Mission accomplie.