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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Guillaume Vierset

Living on the EDGES

Jacques Prouvost

Guillaume Vierset, Hutois de trente-quatre ans, est un guitariste incontournable tant sur la scène jazz que pop ou rock. À la tête de projets tels que LG Jazz Collective, Harvest Group et le récent Edges ou aux côtés d’Emily Allison, Thomas Champagne, Typh Barrow ou Sharko, il se donne à fond.

Un lundi, Guillaume Vierset nous donne rendez-vous, en début de soirée, dans un petit resto de la Place Janson, juste après une longue journée de cours à l’académie de Saint-Gilles. Le guitariste, tignasse en bataille et barbe perpétuelle de trois jours, est un hyperactif. Sous ses airs nonchalants, il n’arrête pas de trotter en tous sens entre sa campagne, la capitale et les nombreux “gigs” qu’il assure à travers la Belgique et l’Europe.

C’est comme ça depuis qu’il est petit : il ne tient pas en place. Dans la maison familiale, les guitares traînent partout. Son père, guitariste de country et qui hésite à lui donner des cours, est étonné lorsque, à l’âge de sept ans, Guillaume demande qu’on l’inscrive à l’Académie de Huy. « J’étais déjà intenable à l’école. Mes parents ne m’imaginaient pas être capable de rester encore assis après les cours ».


Guillaume Vierset

Je suis tombé amoureux de cette musique et de cette liberté totale !
 

La rencontre avec Alain Pierre sera fondamentale. Pendant 11 ans, Guillaume sera un élève obstiné et passionné. « Je bossais comme un dingue. J’apprenais le solfège, la lecture. Je jouais du rock avec des copains aussi et Alain a compris que je voulais improviser et m’échapper du classique. Il m’a refilé The Out-Of-Towners de Keith Jarrett, Kind of Blue de Miles et un Bill Evans. Pas de guitariste. Je suis tombé amoureux de cette musique et de cette liberté totale ! » Perfectionniste, toujours insatisfait et pas encore confiant de ses qualités, il est, à sa grande surprise, accepté au Conservatoire de Bruxelles. Au fil des années, il recherche, peaufine et finalement impose son style. Si on soupçonne diverses influences ici ou là, il est difficile de le placer dans une catégorie. Ça tombe bien, il ne cherche qu’à s’en échapper. Il fait la chasse aux dogmes, aux poncifs, aux conventions.

Pourtant, il met du temps à se libérer totalement. Il veut tout contrôler, avoir la mainmise sur tout. Il veut absolument entendre sa musique comme il l’a écrite. Il impose des partitions hyper détaillées à ses compagnons : « C’était un passage obligé, je devais me rassurer. C’était ma manière de penser et d’organiser. Maintenant, je suis arrivé à m’en débarrasser grâce à Jean-Paul Estiévenart, Félix Zurstrassen ou Yannick Peeters qui m’ont poussé à jouer ce que je suis ». Il lâche la bride et se débarrasse des partitions.

Des déclics, il y en aura d’autres, comme la découverte de Nick Drake, d’abord, ou lors de ce long roadtrip avec sa compagne, sur les chemins désertiques de l’ouest américain qui donnera naissance à l’album Nacimiento Road. Il se laisse guider par sa guitare et prend conscience du son. Il s’épanouit également dans le groupe de Typh Barrow : « J’ai appris à écouter mon son en live avec les in-ears, à avoir une mise en place parfaite et être ultra libre ». Avec Sharko, Guillaume se dévoile encore plus : « J’étais le remplaçant, en dernière minute, en Italie, de Sacha Toorop et j’improvisais. David Bartholomé était là. C’est peut-être ce qui lui a plu. On a fait une session ensemble puis il m’a rappelé dans l’urgence pour une tournée d’été. J’ai beaucoup appris avec lui aussi ».

Une proposition de carte blanche au Marni, lui permet de réaliser un autre rêve : jouer avec le batteur Jim Black (AlasNoAxis, Chris Speed…) et le bassiste Anders Christensen (Paul Motian, The Raveonettes…). « Depuis qu’on est gosse, on nous met une étiquette. Je veux bazarder et éclater tout ça. Jazz, rock ou autre, je m’en fous. Je veux être moi-même ». Avec Jim Black, il est servi ! Le concert est un succès et un enregistrement est planifié, sueurs froides comprises : « Anders revenait d’une tournée, il était crevé, il avait passé une nuit blanche. On n’a rien enregistré le premier jour, j’étais angoissé. Mais le lendemain, en 4 heures on avait tout ! Magique ! »

Guillaume a encore d’autres idées en tête et une terrible envie de sortir des frontières. Soutenu par Aubergine Management et sa fidèle maison de disques Igloo, ses rêves risquent bien de se réaliser. C’est tout ce qu’on lui souhaite.


Guillaume Vierset EDGES
The End Of The F... ing World
Igloo Records