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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Apolline Jesupret / Musiques Nouvelles – Ensemble Hopper

Lueurs

Cypres

« J’ai eu les larmes aux yeux quand j’ai reçu le texte, écrit très spontanément » et où Claude Ledoux parle d’une musique qui « ne cesse de me subjuguer, solaire, [saturée] d'invention et d’espoir coloré ». Apolline Jesupret fut l’élève, douée, de Claude Ledoux. La pianiste de formation reçoit et rend ici un hommage à son professeur (« c’est mon modèle ») en arrangeant, pour ensemble 
de chambre, et en jouant, Butterfly’s Dream qui fut l’œuvre imposée de la finale du Concours Reine Élisabeth pour piano de 2016. « On avait découvert la pièce en avant-première juste avant la création. Je faisais partie du groupe Les six/De zes, des jeunes pianistes qui commentaient la finale à la radio ». Dans Lueurs, Apolline Jesupret présente deux œuvres impressionnantes de maturité. « Ok Gaïa » (avec ses guillemets) répond aux “dis Siri” ou “Ok Google” d’assistants vocaux (« je suis tellement au point avec la technologie […] que je n’en utilise pas »), symboles d’une évolution industrialisée où « on fait beaucoup de mal à la Nature ». Et sous Mossoul : « Ma première pièce pour ensemble. À l’avance, je ne savais pas ce qui allait sortir ». Une composition qui parle avec férocité (« commencer en rentrant dedans directement, c’est impactant ») des galeries creusées sous une ville meurtrie par le conflit entre pouvoir chiite et califat sunnite. Enfin, son arrangement de La valse à mille temps, leçon d’humilité pour l’humain (« on croit toujours qu’on est au centre »), en contrepied au procédé de Jacques Brel, fait tournoyer la musique autour d’un chant imperturbable, « comme quand on filme une personne debout dans une rue, statique, mais avec autour d’elle, l’effervescence ».

Bernard Vincken