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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Trio Spilliaert

Désiré Pâque / Les trios à clavier

Cypres

Si Désiré Pâque ne vous dit rien, c’est normal. Né à Liège en 1867 et mort à Paris en 1939, naturalisé Français après avoir pas mal bourlingué, ce compositeur se préoccupa davantage de créer – 144 opus ! – que de séduire. L’excellent Trio Spilliaert a fort heureusement exhumé de la Bibliothèque du Conservatoire de Liège ses trois trios pour piano. « Lorsque nous nous sommes plongés dedans, nous avons été un peu désarçonnés, reconnaît Jean-Samuel Bez (violon). Pas évident de reconstituer un univers sonore au départ d’une feuille de papier. » D’autant que Pâque était un personnage « vraiment atypique, insiste Guillaume Lagravière (violoncelle). Il cherchait sans cesse la nouveauté tout en subissant évidemment toutes les influences de son temps. » Ce qui rend ses trois trios passionnants, avec pour seuls points communs une grande liberté formelle doublée d’une réelle inventivité orchestrale. Le premier (1903) est puissant et encore romantique, le deuxième (1923) ose de troublantes dissonances, le troisième (1930) ne cache pas son goût pour l’atonalité. Un adagio pour violon et piano ainsi qu’un lento pour violoncelle et piano complètent cet enregistrement qui réhabilite brillamment – à son corps défendant – un compositeur « particulièrement misanthrope, et qui est resté en marge des années folles, souligne Gauvain de Morant (piano). L’homme, qui fut marié quatre fois, semblait avoir un caractère bourru… » Pas de quoi gâcher sa musique en tout cas, ni l’inspiration du Trio Spilliaert, qui en offre une lecture passionnante. Quelle découverte !

Stéphane Renard