Youssef Swatt's
Une parole libre qui dérange (certain·es)
À l’occasion de la Fête de la Musique retransmise en direct sur France Télévisions, le rappeur belge Youssef Swatt’s a livré, au-delà de sa prestation musicale, un message fort et engagé, en solidarité avec les peuples victimes d’oppression: "Je suis obligé de profiter de cette heure de grande écoute pour adresser mes pensées aux peuples opprimés. De la Palestine au Congo. Au Soudan, au Yémen. Aux sans-papiers, en France, qui se font chasser par Bruno Retailleau comme si on était dans les années 30". Un propos qui, s’il a été accueilli avec ferveur par de nombreux·euses spectateur·rices, a aussi suscité l'ire immédiate d’une partie de la presse conservatrice, notamment CNews, qui parle à travers son animateur Pascal Praud, d’une "insulte faite à Bruno Retailleau", le ministre de l'Intérieur et président du groupe Les Républicains.
La liberté d’expression (artistique) est protégée par la Constitution française (article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme), ainsi que par la Convention européenne des Droits de l’Homme (article 10 : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi"). Ces textes garantissent que tout citoyen (y compris un artiste et ce, dans la continuité d’une longue tradition d’engagement dans la musique) peut s’exprimer librement, y compris sur des sujets politiques ou sociétaux, tant que cela ne tombe pas sous le coup de la loi.
Un type de prise de parole qui s’inscrit, aussi, dans une tradition française d’engagement citoyen et artistique, héritée des mouvements comme Touche pas à mon pote (SOS Racisme), Rock Against Racism ou encore des concerts rap solidarité des années 90-00's (Urban Peace), autant d’initiatives où musique et message social ne faisaient qu’un.
Ce qui interroge vraiment, c’est cette réaction asymétrique, avec d’un côté des figures médiatiques qui peuvent tenir régulièrement des propos xénophobes, voire révisionnistes, sous couvert de liberté d’opinion et de l’autre, un artiste qui exprime un message d’empathie et se voit accusé d’atteinte à la République.
On pose donc clairement la question: "un artiste doit-il renoncer à sa liberté d'expression?".
Meilleur commentaire recensé sur la page FB de Youssef Swatt's : "La liberté d'expression ne doit pas servir qu'aux racistes". Tout est dit. Ou presque.