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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

La Jungle

Nicolas Alsteen

Le vendredi 21 mai sortait le nouvel album du duo, Fall off the Apex. Larsen a profité de l'occasion pour rencontrer Rémy (Venant) et Mathieu (Flasse) et leur demander de parcourir ensemble leur discographie. On remonte le temps et on débarque tout d'abord en 2015. 

La Jungle

La Jungle (2015)

Notre histoire commence à Mons. Où nous organisions des concerts au sein d’une même association. Entre deux événements, nous avons évoqué l’idée de jouer ensemble. En juin 2013, le garage des parents nous sert de local de répétition. Six mois plus tard, cet album est enregistré avec l’ingé-son Laurent Eyen (It It Anita, The K.). Pour nous, c’était d’abord un levier pour dégoter des concerts. Musicalement, ça reste un premier jet, un truc ultra spontané qui enferme notre ADN : une transe technoïde conçue entre une guitare et une batterie. À l’époque, La Jungle n’avait aucun concert à son actif. Une fois le disque sorti, nous avons réalisé que la scène allait modifier notre rapport à la création. Sur la pochette, les palmiers entremêlés sont l’œuvre du dessinateur américain Gideon Chase. Nous avons fait sa connaissance, par hasard, en cherchant une image un peu cool sur Google.

II (2016)

Pour cette pochette, nous avons tout de suite demandé une illustration à Gideon. L’idée d’avoir une identité graphique cohérente nous plaisait. Nous avons validé ce dessin sans nous poser de question. Comme si ce choix n’avait aucune incidence sur les suites de notre discographie. Aujourd’hui, notre processus de décision est plus lent, bien plus réfléchi aussi. À partir de ce deuxième disque, les concerts sont venus remplacer nos répétitions. Tous les trois jours, La Jungle était sur scène. Nos deux premiers albums sont nés dans un même mouvement, à quelques mois d’intervalle. C’est une vraie paire et, surtout, une suite logique. Le troisième, c’est une autre histoire…

Past // Middle Age // Future (2019

Entre les concerts, Mathieu a eu un deuxième enfant et, de mon côté, je flinguais mes derniers points de vie au boulot. À l’heure d’attaquer ce disque, nous étions sur les rotules. Notre disponibilité mentale était sous le niveau de la mer. Heureusement, notre route a croisé celle de Steve Dujacquier, un ingé-son avec qui nous avons mis au point une véritable méthode d’enregistrement. Cet album s’ancre dans un contexte sociopolitique particulier. Les gilets jaunes et la résurgence d’un modèle quasi féodal nous amènent d’ailleurs aux deux chevaliers de la pochette. Malgré les évolutions technologiques, le rapport de force entre les grands seigneurs et les petites mains n’a pas beaucoup changé. Même la peste noire a laissé place à une autre épidémie…

 Fall Off The Apex (2021)

Cet album est prêt depuis plus d’un an. Avant l’arrivée du virus, il était question de le sortir sur un label anglais. Mais entre Brexit et pandémie, le deal n’a pas tenu. Si nous le sortons aujourd’hui, c’est pour maintenir La Jungle sous assistance respiratoire. C’est notre façon de tenir le coup, de nous projeter dans le futur. Au niveau de la production, c’est assurément notre meilleur disque. Nous l’avons enregistré le long des côtes normandes, à Honfleur, dans un super studio que connaissait notre producteur Hugo-Alexandre Pernot. Traduit littéralement, le titre signifie “tomber du sommet”. Que ce soit sur le plan écologique, sanitaire ou économique, le monde semble bel et bien au bord du gouffre. Dès lors, il y a deux options : la chute ou la récession. Ce dilemme traverse l’album. Le visuel est de nouveau signé Gideon Chase. Il s’agit d’une image étrange. On se demande si les vaches sont en train de tomber ou de voler. Sous leurs pattes, il y a un glaive et des résidus qui pourraient très bien être les restes de nos précédents albums. Cette pochette est surréaliste, à l’image de l’époque : une période de vaches maigres.