ascendant vierge
Duo de bon augure
Depuis 2019, Mathilde Fernandez et Paul Seul forment ascendant vierge et sillonnent les routes. Aujourd’hui, ils publient leur 2e album : Le Plus Grand Spectacle de la Terre.
Cinq années ont passé depuis la sortie d’Influenceur, hit fondateur dans la genèse d’ascendant vierge. Depuis, le tandem formé par la chanteuse belge d’adoption Mathilde Fernandez et le producteur français Paul Seul a parcouru du chemin et avalé des kilomètres de bitume. Enchaîné festivals et concerts “sold out”, la promo, une Boiler Room, un concert pour Arte et des clips en pagaille jusqu’à retrouver le studio en février. Aujourd’hui, le groupe marque une pause et en profite pour sortir Le Plus Grand Spectacle de la Terre, dans la foulée d’Une Nouvelle Chance, l’an dernier. Un disque cinématographique, plus abouti et travaillé que son prédécesseur, ne serait-ce que dans sa proposition visuelle, qu’il leur tarde d’éprouver sur la scène du Zénith de Paris.
Paul Seul
La nuit parisienne était dominée par la minimale ou la maximale
et ça nous ennuyait. Nous, on aimait le hardcore, le gabber.
Paul, quel a été votre parcours musical pré-Mathilde?
Paul Seul: J’ai commencé au collège, comme DJ. Je mixais du rap, puis je me suis mis à faire des prods. J’ai toujours été attiré par le côté électronique de la musique et j’ai appris sur le tas. En 2013, j’ai cofondé Casual Gabberz dont on a fêté la fin le mois dernier. À l’époque, la nuit parisienne était dominée par la minimale ou la maximale (Ed Banger, etc.) et ça nous ennuyait. Nous, on aimait le hardcore, le gabber, on trouvait qu’il n’y en avait pas dans le paysage club. Au début, c’était comme un défi, puis on s’est pris au jeu. Les gens ont kiffé, ça a fait des soirées puis des compilations et un label pendant une décennie.
Comment vos routes se sont-elles croisées?
Mathilde Fernandez: Je découvre Casual Gabberz avec la compil Inutile de Fuir en 2017. J’écoute religieusement, je rattrape mes lacunes, et je flashe sur le travail de Paul. Ce que j’aime, c’est que malgré le côté club et boum-boum, il y a des mélodies et une mélancolie qui me parlent directement. À l’époque, je terminais Hyperstition et j’avais envie de remixes. Alors j’ai écrit à Paul, pour lui proposer de remixer un morceau. Le lendemain, il m’a envoyé sa version d’Oubliette, qui s’avère être mon titre préféré du EP. Il y avait quelque chose à creuser. J’ai ensuite rencontré Paul à Paris quelques semaines plus tard… avec son pied dans le plâtre.
PS: Je m’étais cassé la jambe. J’ai d’ailleurs arrêté mon job de jour suite à cet accident. Entre Mathilde et moi, ça a été fluide tout de suite. Comme j’avais commencé par le hip-hop et bossé pendant des années avec un rappeur (Mihas, – ndlr), j’aimais bien le côté “moi je fais l’instru et toi tu mets du texte dessus”. Je n’étais pas en recherche mais c’est un exercice que j’étais content de retrouver. D’autant que quand on le veut, Mathilde et moi, nous sommes efficaces… Après quelques semaines, on avait déjà pas mal de trucs. Ce qui est plutôt rare.
Et de cette entente immédiate naît le duo ascendant vierge.
MF: Tout a été très rapide en effet. Le courant passe bien, on s’écoute mutuellement, on s’envoie des tas de liens, je balance à Paul plein de morceaux – dont beaucoup jamais sortis à ce jour – en mode “voilà, je me traîne ça depuis des années…”. J’étais dans une période où j’avais l’impression que mon projet s’enlisait, je passais d’une collab’ à l’autre, pas toujours avec succès. J’avais envie d’autre chose, besoin de respirer, et c’est ce que ma rencontre avec Paul allait m’apporter.
Pour vous décrire, certains parlent d’hyperpop, de cyberpunk, de techno, de trance, du chant lyrique de Mathilde et de Mylène Farmer… Vous faites beaucoup fantasmer on dirait.
MF: Il y a en effet pas mal de fantasmes autour du style ascendant vierge, qui se raccroche à plein d’influences différentes, toutes post-modernes. Bien sûr, on s’approprie des codes de la musique techno et de l’electro. Mais, sur le disque précédent par exemple, il y avait un morceau reggae. Sur Le Plus Grand Spectacle de la Terre, Lotus Noir a des sonorités qui s’approchent d’une instru rap. Et on a voulu la couleur de ce deuxième plus rock, ne serait-ce que dans le traitement de beats, moins digital.
PS: Mathilde et moi avons un schéma bien précis, de nos influences et de vers où on veut aller, mais qui n’est pas très intéressant à décrypter. On se contente de dire qu’on fait de la chanson, de la pop, contemporaine si on veut… En tout cas, qui intègre dans le grand corpus de la pop des genres qui peut-être n’en faisaient pas partie avant. Mais ça n’a rien d’incroyable, tout le monde a toujours fait ça.
Mathilde Fernandez
Les choses se font sans réfléchir, instinctivement.
Je pense que c’est la raison pour laquelle ça se passe aussi bien.
Y a-t-il des artistes/groupes dont vous vous retrouvez dans le son ou la démarche?
MF: Il y a un groupe britannique qui vient de sortir son premier album, Sad Night Dynamite. Leur style est bizarre, un mix de hip-hop, d’electro, hyper cinématographique avec des voix autotunées.
On va dire qu’on se rapproche de ce genre de projets un peu OVNI. Après, je ne me sens pas si loin de Gala quand on fait certains morceaux ou des trucs eurodance. Mais, en même temps, pas très éloignée de Balavoine… ou de Mylène bien sûr.
PS: À titre personnel, j’ai beaucoup plus écouté Michel Berger que Mylène Farmer, je ne sais pas si ça s’entend. Jean-Jacques Goldman aussi. Mes deux premiers achats CD, c’était Céline Dion.
Qui fait quoi au sein de votre duo?
PS: C’est la Belle et la Bête (rires). On a chacun notre manière de gérer le stress, de se préparer pour monter sur scène, etc. Mais tout s’harmonise plutôt bien. On se répartit les tâches, ça tourne… Après, on a chacun nos spécialités. Sur des questions pointues d’écriture, je ne suis pas vraiment là. Puis sur des trucs de post-prod parfois, c’est elle qui est moins sur le dossier. Globalement, tout est partagé.
MF: C’est horizontal. Les choses se font sans réfléchir, instinctivement. Je pense que c’est la raison pour laquelle ça se passe aussi bien. On ne s’est jamais disputés ! D’autant qu’au-delà d’ascendant vierge, on a aussi monté notre label, 12 Stars, donc c’est un boulot à 360° désormais.
Pendant trois ans, ascendant vierge a enchaîné les concerts. Le genre de tournée qui génère son lot d’anecdotes.
MF: Vers la fin du Covid, tout était incertain. On ne savait pas
si on allait pouvoir partir en tournée ou s’il faudrait encore attendre plusieurs mois. Finalement, on a accepté un concert en
Allemagne, qui s’est transformé en deux dates car la jauge était réduite pour raisons sanitaires. Le public était debout sur des croix tracées au sol pour respecter la distanciation sociale. Les gens avaient le droit de danser tout seul mais pas de se coller, ça donnait l’impression d’un cours d’aérobic bizarre. Des mois plus tard, on est invités aux Nuits Sonores à Lyon. On arrive sur place, je ne fais pas trop attention au lieu, on va se préparer puis arrive l’heure du concert. À l’époque, je débarquais sur scène façon “Dragon Ball Z” et là, d’un coup, je me retrouve face à une foule de 5.000 personnes. Les gens étaient surexcités et connaissaient les paroles. J’étais sous le choc… Après le show, il m’a fallu une demi-heure avant de reparler.
Cette année, vous avez pu retrouver le studio et publier Le Plus Grand Spectacle de la Terre. Un album à l’esthétique léchée et un titre évocateur.
PS: C’est celui de l’album mais aussi du dernier morceau. On a développé ce que le texte de Mathilde nous évoquait, cette fin du monde à laquelle tout le monde assiste en applaudissant ou en pleurant… Cela renvoie au monde d’images dans lequel on vit. C’est toute l’humanité mais en même temps c’est notre duo, à la veille de donner notre plus grand spectacle. Soudain tout fait sens.
MF: Paul et moi avons besoin de créer. On a enfin pu le faire en février et sortir ce deuxième album à la rentrée. Avec un concept fort et un gros travail sur la vidéo. Aujourd’hui, on est sur la fin de la promo et tout droit vers le Zénith, le 30 novembre prochain…. après ça, on se repose.
ascendant vierge
Le Plus Grand Spectacle de la Terre
12 Stars