Wajdi Riahi
Essia
Essia, le second album en trio du pianiste tunisien que toute la scène jazz belge s’arrache, sortira en fin d’année chez Fresh Sound New Talent Records.
Le trio existe depuis 2021, comment s’est-il formé ?
J’ai rencontré Basile Rahola (contrebasse) à Tunis où l’on jouait, par hasard, avec une chanteuse pop de là-bas. J’ai retrouvé Basile en Belgique quand je suis venu faire le stage de l’AKDT à Libramont. Puis, j’ai rencontré Pierre Hurty (batterie) au conservatoire à Bruxelles. Là, j’ai croisé plein de musiciens avec qui j’ai joué ou enregistré, comme Oscar George, Stéphane Galland, Aleph Quintet, Fabrice Alleman. À l’occasion d’un enregistrement avec le trio de Basile, Fresh Sound m’a proposé un disque en solo. Mais j’ai préféré, pour un premier album, jouer en trio. J’ai tout écrit, on a joué, cela a donné Mhamdeya.
Que raconte ce nouvel album, Essia ?
Le premier album rassemblait des moments vécus un peu partout depuis mon arrivée à Bruxelles. Celui-ci raconte plus mon parcours et est aussi un hommage à ma mère, Essia, et Nawres, ma sœur, qui sont deux femmes qui comptent énormément pour moi. C’est un album de mouvements qui commence dans la Medina que j’empruntais tous les jours pour aller au conservatoire. C’est ma rencontre avec le piano, avec la philosophie d’Ibn Khaldoun, avec l’acceptation du moment. C’est mon parcours.
Vous avez intégré au jazz un style musical traditionnel, le Stambeli. Pouvez-vous nous éclairer un peu ?
C’est une musique qui vient du Mali. Les flux migratoires, du sud vers le nord, l’ont amenée dans le Maghreb. Elle s’est transformée au contact des différents dialectes locaux. Le Stambeli a les mêmes racines que la musique Gnaoua au Maroc ou le Diwan en Algérie. C’est une musique de rituel. Je l’entendais partout, jouée par un mâalem (maître musicien gnawa, – ndlr), et j’ai été confronté à elle quand j’ai intégré le groupe d’un batteur. Il a fallu que j’appréhende ce langage. J’ai fait un peu comme McCoy Tyner (pianiste et compositeur de jazz américain, décédé en 2020, – ndlr) avec John Coltrane et la musique indienne. Il fallait des harmonies simples et trouver les points communs qui existent dans toutes les musiques, avec le jazz pour l’ouvrir.
Wajdi Riahi Trio
Essia
Fresh Sound New Talent