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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Primero

Fragments n°4

Labrique

Avec 32 ans au compteur, qu’il ne fait pas vraiment, Primero s’échappe de L’Or du Commun pour s’aventurer en solo. Entamé début 2022, son nouveau projet vient de connaître son dénouement avec la publication d’un quatrième et dernier épisode des plus élégants. « À l’époque, je recevais beaucoup d’instrus et j’explorais des pistes. Mon identité en termes de production n’était pas figée. Je voyais ça comme une proposition éclectique, une sorte de laboratoire, encore dans la recherche… Des “Fragments”. Comme j’avais pas mal de titres, il m’a semblé opportun de les livrer en plusieurs volets, en rassemblant des morceaux qui ensemble faisaient sens. Pour franchir le pas en douceur du rap vers la chanson. » S’enchaînent alors les sorties de quatre EP, aux bons soins des producteurs Phasm et PH Trigano, qui se révèleront de parfaits lieutenants pour accompagner Primero dans cette transition. « Avec L’Or du Commun, l’aventure a duré 10 ans et l’énergie était tout autre que celle que je m’apprête à entamer aujourd’hui. Me lancer solo, c’est recommencer à zéro. La musique que je pratique est très différente, beaucoup plus intimiste. Et je la livre seul en scène, une première en ce qui me concerne. » Plus encore que dans les précédents Fragments, Primero se met à nu au fil des quatre ultimes tours de piste, à l’instar du single Vie de Chien ou du subtil et très personnel F&F, où il chante la sérénade à un mal quelque peu obscur. « J’aimais l’idée de brouiller les pistes en laissant croire que je parle à quelqu’un. Pour personnifier la souffrance. On traîne tous un boulet au pied, quelque chose qui nous suit depuis longtemps et dont on ne peut se débarrasser… Entre l’espoir de changement et l’acceptation. En ce qui me concerne, c’est une sorte de dégât physique de la petite enfance qui me poursuivra sans doute toute ma vie. Ma force et ma faiblesse… » Accroc au spleen, plus inspiré par les nœuds à défaire que par les happy end, Primero confirme ici, à ceux qui encore l’ignoraient, qu’il est l’une des plus belles plumes de notre scène musicale. Et un chanteur en devenir, sensible, fragile, pertinent et touchant à la fois.

Nicolas Capart