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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

David Numwami

Retour sur terre

Nicolas Alsteen

Entre épanouissement personnel et déclaration d’amour, I Love You voit David Numwami célébrer sa propre vie dans un va-et-vient d’émotions sincères. En cinq morceaux assortis d’un romantisme lunaire, l’artiste découvre le monde adulte sur une touche de gospel, de chiptune, de R’n’B et de pop multicolore. De quoi faire le plein de confiance.

«À un moment, je voulais m’installer à Paris. Puis, j’ai songé à New York. Finalement, c’est quand même à Bruxelles que je me sens le mieux. » 
En déroulant son plan de vol, David Numwami donne parfois l’impression de raconter ses rêves à voix haute. Mais c’est bien de sa vie dont il est ici question. Trois ans après la sortie du EP Numwami World, le chanteur a décidé de temporiser, mettant notamment un terme à ses longues tournées à l’étranger. « En 2015, j’étudiais la philo à l’université de Louvain-la-Neuve. Dans 
le même temps, j’ai rejoint le groupe François & The Atlas Mountains. Nous avons joué à travers toute l’Europe. J’ai dû achever mon mémoire dans un tourbus. » Diplôme à peine empoché, il repart en tournée avec Charlotte Gainsbourg. « Au début, on m’avait engagé pour une quinzaine de dates. Deux ans plus tard, j’étais toujours embarqué dans l’aventure. » Le multi-instrumentiste assure également le spectacle aux côtés de Nicolas Godin (Air) et de Sébastien Tellier. « J’ai tourné en flux continu jusqu’au début de la pandémie, résume-t-il. La dernière fois, c’était avec Sébastien Tellier. C’était juste l’enfer ! Pas à cause de lui mais parce que je venais de rompre avec ma copine. Loin de chez moi, j’étais incapable d’intégrer l’information. Quand je pars comme ça, j’ai l’impression d’éteindre toutes mes émotions et d’appuyer sur le bouton “Party and drugs !”»

 

David Numwami
Tourner avec une personnalité connue, c’est tout confort.
En contrepartie, tu t’oublies, tu perds tes points de repère.
Tu te déplaces partout dans le monde mais tu n’avances plus vraiment dans la vie…


Acquitté de ses obligations pour les autres, David Numwami prend désormais du temps pour lui. I Love You, son nouvel EP, le confirme en cinq titres autobiographiques. Dans Sky!, par exemple, il fredonne « Je suis fort/Je ne suis plus le même » avec l’aplomb d’un Super Mario dopé au super champignon. « Me poser pendant deux ans, ça m’a donné l’occasion de grandir, de me découvrir en tant qu’adulte, explique-t-il. Aux études, je vivais chez ma mère. Puis j’ai enchaîné avec les tournées. Pendant tout ce temps, je n’ai jamais dû me faire à manger. Jamais dû faire mon lit, la lessive ou le ménage. Tourner avec une personnalité connue, c’est tout confort. Tu es materné du matin au soir. 
En contrepartie, tu t’oublies, tu perds tes points de repère. Tu te déplaces partout dans le monde mais tu n’avances plus vraiment dans la vie… »


Nomade pendant plus de sept ans, David Numwami n’avait plus de chez lui. Sans domicile fixe, il se pose un temps chez sa maman, dans le petit village de Céroux-Mousty. « J’étais là-bas, juste avec elle et son chat. C’est la première fois que je la retrouvais depuis des années. Ça m’a fait du bien d’être avec elle, de l’écouter et de me raconter. Elle n’avait pas conscience de mon mode de vie en tournée… Juste avant de rentrer à Bruxelles, elle m’a conseillé de faire une quête initiatique. »
Durant dix jours, le chanteur contemple ainsi son existence depuis les forêts du Monastère Saint-André de Clerlande. « Ensuite, je me suis installé dans mon appartement. Savoir que je suis capable de me débrouiller seul, ça me procure de la confiance. »
Sur I Love You, David Numwami soigne son amour-propre et ouvre son cœur. « Le titre du EP s’adresse aussi à la musique, dit-il. La plupart des chansons font d’ailleurs écho à cette relation. 
La musique est ma bouée de sauvetage. Je m’y accroche constamment. Un morceau comme Beat évoquait déjà ce lien à la création. Sur le nouvel EP, c’est pareil pour Ooh Baby ou Good Morning ! Sortir des disques, donner des concerts ou poster des vidéos sur les réseaux sociaux, c’est chouette, ça peut être créatif. Mais ce n’est pas mon job. Mon métier, je l’ai compris avec I Love You, c’est juste de créer de la musique. »

Reconnecté à ses émotions et à sa passion, le multi-instrumentiste pense à lui mais ne s’empêche pas de travailler avec les autres. Récemment, il a ainsi écrit Flamme pour Juliette Armanet. Reste qu’il aura mis plus de deux ans pour dévoiler cinq nouveaux morceaux sous son nom. « Là, c’est bon : je suis prêt pour l’étape suivante. Si je ne suis pas capable de sortir un album en 2025, je dois absolument changer de métier ! » Ce serait vraiment dommage…