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par le Conseil de la Musique

Moji x Sboy

Semble bien parti pour durer...

Nicolas Capart

Au lendemain d’un été studieux et d’un EP des plus remarqués, le tandem liégeois Moji x Sboy semble bien parti pour durer. Et briller. Chronique d’une mutation gagnante.

Depuis quelques années déjà, l’un ne va pas sans l’autre et leurs avatars vont de pair(e). Amis d’enfance tous deux natifs de Liège, Moji et Sboy ont basculé ensemble du côté hip-hop de la force vers leurs 18 ans. De leurs premiers travaux émanent des influences pop-rock, lo-fi et emo. Un style-signature qui, très vite, va faire leur succès.

L’année 2022 semble marquer un virage esthétique pour votre duo. L’envie de pousser d’autres portes ?
Moji : C’est surtout parti de l’envie qu’on avait tous les deux de se lancer un défi. Depuis nos premières sorties, nous avions écouté énormément de sons, découvert de nombreux artistes, d’autres manières de faire du rap… Tout ça nous a beaucoup inspiré et on s’est nourri de ces nouvelles influences pour faire évoluer notre musique.
Sboy : C’était purement par souhait. L’envie d’assouvir notre curiosité et d’essayer. Nous nous sommes inspirés de la DMV par exemple, qui désigne une manière de poser son flow et de se placer. En gros, ça consiste à superposer ses phrases, à faire en sorte qu’elles se marchent un peu l’une sur l’autre.

Qu’est-ce qui a le plus changé au regard (et à l’écoute) de vos premiers travaux ?
Moji : La différence majeure, c’est notre manière d’aborder les choses et notre façon de travailler. On s’est dit qu’on allait se faire plaisir mais en prenant des risques. Temps d’Aime (sorti en 2021, – ndlr) marque une phase où on se cherchait encore.
À l’époque, on creusait un style qu’on aimait, et qui nous réussissait bien, mais qui semblait éphémère aussi. Avec Automne, on est sorti de cette zone de confort, on a vraiment évolué artistiquement… En découvrant des choses qu’on aime, des manières de poser, des styles d’écriture. On se sent plus libres qu’avant, de faire ce qu’on veut, de parler de nous aussi. Et on surkiffe chaque minute des huit titres de ce dernier projet.
                                                                                               

Moji x Sboy

« On s’est dit qu’on allait se faire plaisir mais en prenant des risques. »
 

La difficulté résidait à conjuguer ces envies nouvelles avec le style qui avait fait votre succès. Et le risque, c’était de perdre votre fanbase, plus jeune et/ou friande d’emo ?
Sboy : Flowers et Uber sont sortis juste avant Automne et ne font pas partie du EP. On ne savait pas du tout comment ces morceaux un peu différents allaient être accueillis, mais on les aimait bien.
Et la réponse du public a été comme une validation, la confirmation qu’on devait poursuivre dans cette voie. Ces deux tracks ont un peu servi de laboratoire.

Moji : C’était un risque en effet mais Automne nous a permis d’atteindre un nouveau public. Le projet a attiré beaucoup de nouvelles oreilles dans notre direction. Les retours sont bons et c’est forcément encourageant pour la suite.                                                                                                                                  

Comment s’est passé la conception puis l’enregistrement de Automne ?
Moji : Tout s’est goupillé très vite, ça a été super condensé. Dans la foulée d’une résidence en décembre dernier, on a embrayé sur le projet et on y a travaillé non-stop jusqu’en mai. Sboy et moi avons chacun notre petit home studio, donc on a pu travailler en aparté et vraiment prendre le temps d’expérimenter. Même de poser une rime soixante fois d’affilée si besoin ou si j’en avais envie, juste pour obtenir le truc parfaitement comme je le voulais… 
Sboy : Dans ce disque, il n’y avait pas vraiment de chef d’orchestre, contrairement à ce qui s’était passé sur Temps d’Aime. Cette fois, on a décidé de le faire juste à deux, en prenant 100% des décisions. Donc on a beaucoup échangé de sons à distance, entre nous ou avec les beatmakers (Lil Chick, Wladimir Pariente, Myth Syzer). Mais nous étions seuls au contrôle du projet.

Côté scène, vous avez enchaîné une belle série de dates, dont une première partie de Lujipeka au Zénith de Paris en mars, puis le Montreux Jazz Festival et les Ardentes en été 2022.
Sboy : On a dû enchaîner une bonne vingtaine de dates en quelques mois. C’était notre première tournée en réalité, nos premières vraies dates. Je me souviens de nos débuts en live, de certains concerts un peu catastrophiques. Depuis, on a joué en Belgique, en Suisse, en France et emmagasiné un max d’expérience.
Moji : On s’est bien rôdés au fil des concerts, puis on a travaillé sur le live. Parfois on s’enfermait pendant sept heures à écouter le set en boucle. On a fait plusieurs résidences avec des coachs également. C’est génial d’avoir un regard extérieur pro, ça te fait évoluer. On l’a fait avec Kaer (du Studio des Variétés, – ndlr) notamment, qui nous a permis de nous affirmer sur scène et de prendre confiance en nous.

Visuellement aussi l’image de votre duo évolue, que ce soit avec des vidéos plus travaillées ou l’artwork dessiné de Automne.
Sboy : On avait le souhait d’être sur la cover du EP, d’une manière ou d’une autre. On voulait quelque chose qui nous représente, puisque ce projet était très personnel. Et aussi que ce soit plutôt lumineux, au niveau des couleurs… C’est un peintre de Liège, Samuel Lemba alias Bodmans, qui l’a réalisée.
Moji : Pour ce qui est des clips, on a beaucoup observé ce qui se faisait autour de nous et eu la chance de se connecter avec un réalisateur français nommé Arno Antton. Il a vite capté où nous voulions aller, on se comprenait. Nous n’étions plus avec les grosses équipes de production de Temps d’Aime, les tournages étaient beaucoup plus légers, spontanés…. Et le résultat nous plaît.

La prochaine étape pour vous c’est d’emmener Automne en tournée, et puis…?
Moji : La “to-do list” est un peu chargée. En ce moment, on est à fond dans les répétitions pour la tournée. Elle commence en France, avec plusieurs concerts annoncés à guichets fermés. Nous sommes également en train de constituer une équipe autour de nous, car jusque-là Sboy et moi gérions trop de choses nous-mêmes. Le projet continue de se professionnaliser.
Sboy : En 2024, la date au Trabendo de Paris est très importante pour nous, tout comme celle du Reflektor, forcément, à la maison. Mais d’ici la fin de l’année, il pourrait y avoir des surprises au rayon collaborations, niveau des prods ou côté featurings. On va essayer de capter des artistes avec lesquels on a des atomes crochus, comme So La Lune ou Bu$hi… Jusque-là, avec Moji, on restait entre nous. Là, on va ouvrir les portes… et prendre le monde.


Moji x Sboy
Automne

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