Accéder au contenu principal
Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Les Muffati

Voyage en Italie

Stéphane Renard

Deux ans après leur superbe enregistrement de concertos pour orgue et cordes de Bach, qui avait été couvert de distinctions, les Muffatti nous invitent cette fois en Italie, en compagnie du contre-ténor Clint Van der Linde.

Conçu par Benoît Vanden Bemden, contrebassiste et cofondateur de cet excellent ensemble baroque né au Conservatoire de Bruxelles il y a plus de 20 ans, ce nouveau disque réunit des motets de Johan Adolf Hasse et de Nicola Porpora. Ces deux maîtres de l’opera seria (un genre italien en vogue au 18e siècle avec des œuvres très codifiées : une ouverture en trois mouvements suivie de trois actes, – ndlr), et aussi grands voyageurs, connurent des destins parallèles. « Hasse s’était rendu à Naples, pour étudier avec le célèbre Porpora, mais le courant n’est pas vraiment passé, résume Benoît. Ils ont cependant fait tous les deux une très belle carrière en Europe, et bien sûr à Venise. » Ils y travaillèrent notamment pour ces fameux “ospedali”, hospices qui recueillaient les orphelins et formaient les jeunes filles à la musique en engageant les meilleurs compositeurs.

« C’est ce qui m’a inspiré ce disque, où j’ai réuni des motets écrits par Hasse et Porpora dans ce contexte. Le choix s’est fait avec la complicité de Clint Van der Linde, la voix de ce disque qui célèbre le style napolitain, aux nombreuses et riches ornementations. » Avec deux inédits au programme. Le premier, Hostes averni de Hasse, dormait dans la bibliothèque du Conservatoire de Bruxelles où Benoît l’a découvert : « C’est une très belle pièce qui, curieusement, n’avait jamais été enregistrée, alors que c’est la seule version existante pour voix d’alto. » Oubli réparé pour cette œuvre aux accents d’opéra. Le second inédit, lui, est signé de Porpora – un “Nisi Dominus” que Benoît à découvert cette fois dans la bibliothèque de l’archevêché de Malines : « Il figurait parmi la centaine de partitions ramenée par un notable anversois à l’occasion de son Grand Tour initiatique en Europe, comme tout jeune homme de bonne famille se devait de le faire au 18e. C’est également une vraie découverte. » Un détour par Venise ne se concevant pas sans Vivaldi, les Muffatti complètent ce très beau programme par deux concertos pour cordes du prêtre roux qui, lui aussi, fut très actif au sein d’un ospedale pour jeunes Vénitiennes.


Les Muffatti
Salve Reginae
Ramée