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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

La Ferm}à{Culture

La culture de proximité à domicile

LOUISE HERMANT

On a peut-être tou·te·s rêvé de pouvoir assister à un concert dans son salon, bien installé·e·s dans son fauteuil. Patrick  Benoît, lui, le fait depuis quelques années déjà dans son ancienne ferme, près de Gembloux. Il y accueille, pour le plaisir surtout, talents émergents et artistes de renom. Petit tour du propriétaire.

Nous ne sommes point ici dans une salle, mais bien dans un salon. Meublé de canapés, avec une télévision, une grande collection de CD, une bibliothèque, des bibelots, des photos de famille, une grande baie vitrée qui donne sur le jardin et un plafond voûté en brique. Il n’y a pas de vestiaire, ni de bar, d’estrade, de gradins. Depuis 2015, Patrick Benoît a tout simplement ouvert les portes de chez lui, une ancienne grande ferme totalement rénovée, pour y organiser des concerts, et de temps à autre des créations théâtrales et repas littéraire. « Je vis ici plus ou moins tout seul. Je me suis dit que ce serait sympa de faire de la culture de proximité. Je voulais faire profiter des lieux. J’aime ce partage. »
 

Patrick Benoît

Je fais ça vraiment pour le plaisir de partager des intérêts communs et les contacts.
 

Tous les deux mois, il pousse les meubles pour la venue d’un public composé d’habitué·e·s et de curieux·euses. Environ 120 personnes peuvent se réunir dans cette ancienne étable de 100m2 et sur la mezzanine. La pièce n’est pas équipée. Seul un piano à queue, noir, trône au milieu. « J’ai deux projecteurs mais rien pour la sonorisation. En général, les artistes amènent eux-mêmes leur matériel ou alors je le loue. Je me dis que ce serait peut-être plus intéressant d’investir. Ce serait beaucoup plus simple mais cela coûte cher… et ça va prendre la poussière tous les deux mois. »

Située au milieu du village de Bossière, près de Gembloux, la Ferm}à{Culture invite des artistes issus principalement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’objectif est de rester en « circuit-court » : les groupes sont locaux et le public également. Bien que les villageois ne soient pas les premiers à se rendre aux événements. « C’est assez étonnant, je pensais que ça allait attirer les voisins. Ils peuvent venir ici à pied, c’est à côté de chez eux. Il y en a quelques-uns mais pas tellement. »

Sa résidence a déjà vu défiler Akro, Marie Warnant, Azerty, Sonnfjord ou Blanche. “Je suis encore étonné quand les artistes acceptent de venir. J’essaie d’alterner ceux qui ont une certaine notoriété et ceux qui ne sont pas encore connus. » Bien qu’il soit amateur de musique, le maître des lieux n’a pas d’expérience dans la programmation. Cet ancien publicitaire et aujourd’hui enseignant se laisse guider par les recommandations des spectateurs. « Ils me proposent d’inviter tel ou tel artiste. Comme Saule ou Sharko. Plein de gens m’ont demandé de les avoir. Cela n’a pas été facile, tout se passe au feeling. Je pensais ne jamais pouvoir avoir Saule. Et pourtant, il a accepté. Le tout est d’oser demander. »

Sous les conseils de sa fille, le lieu s’est professionnalisé sur certains points. Début 2020, il se déclare officiellement ASBL et propose dorénavant un vrai programme. Celui-ci affiche complet jusqu’en juin 2022 et les demandes des artistes pour venir jouer dans sa résidence affluent de plus en plus. « Je ne compte pas pour le moment augmenter la fréquence. Ce n’est pas mon métier, je ne gagne pas ma vie avec ça. J’ai plein de choses à côté. Je ne veux pas faire concurrence avec le Centre Culturel de Gembloux, l’ATRIUM57, avec qui je m’entends très bien. Je fais ça vraiment pour le plaisir de partager des intérêts communs et les contacts. »